INRAP
Source - http://www.inrap.fr/archeologie-preventive/Actualites/Communiques-de-presse/p-18246-Naissance-et-evolution-d-un-quartier-de-Blois.htm
Les archéologues de l’Inrap mènent, depuis octobre 2013, des fouilles archéologiques en amont du projet de reconversion de l’hôpital psychiatrique du quartier Vienne, sur la rive gauche de la Loire à Blois. Elles laisseront la place à la construction de nouveaux logements et à l’aménagement de leurs abords par la société 3 Vals Aménagement et la ville de Blois.
Sur une emprise de près de 12 000 m2, ces fouilles, prescrites par l’État (Drac Centre), sont les premières entreprises au sud de la Loire à Blois. La conservation optimale des dépôts archéologiques, qui en certains ponts atteignent jusqu’à 3 mètres d’épaisseur, a permis de nombreuses découvertes éclairant l’histoire des origines de la ville.
© Diddier Josset, Inrap
Aux origines du quartier Vienne
À une centaine de mètres de la rive du fleuve, cette partie de la plaine alluviale a connu des inondations et la divagation de chenaux qui ont modelé le paysage en dénivelés naturels peu marqués. Le Val de Blois constituait donc une zone de franchissement de la Loire privilégiée à l’époque gauloise.
Mais ce n’est pas qu’un lieu de passage. Ainsi, entre le IIIe et le Iersiècles avant notre ère, plusieurs lieux sont habités sur ce vaste territoire tant rive droite, sur le promontoire, que rive gauche, dans la plaine alluviale. Cette installation pérenne et précoce est confirmée de façon inattendue, quartier Vienne, par les recherches en cours : une tombe isolée témoigne de cette occupation.
En bordure de la ville antique
© Mathilde Noel, Inrap
La ville de Blois est véritablement créée à l’Antiquité lorsque l’empereur Auguste (27 avant JC - 14 après JC) initie un important phénomène d’urbanisation en Gaule. Initialement c’est une petite agglomération structurée qui se développe rive droite, peut-être autour d’un centre monumental encore mal perçu. Les quartiers d’habitation s’étendent depuis la place Valin de la Vaissière et sur tout le quartier du Foix. À partir des Ier-IIe siècles de notre ère, les deux rives du fleuve sont reliées par un pont. On sait maintenant, grâce au chantier du quartier Vienne, que la ville se développe en parallèle sur la rive gauche, et ce dès sa création.
Dans les dernières décennies du Ier siècle avant notre ère, Blois est donc une petite ville installée de part et d’autre de la Loire. Les parcelles du site de la rue du Puits Neuf sont entièrement investies. Durant les Ier et IIe siècles de notre ère, les habitants pérennisent les limites parcellaires fixées par les ancêtres gaulois pour établir leurs nombreux aménagements. De profonds et larges fossés sont creusés, ils divisent l’espace en plusieurs enclos et circonscrivent des lieux aux fonctions variées.
L’un d’entre eux délimite un sanctuaire gallo romain, identifié par la découverte d’un fanum gallo-romain (temple à plan carré de tradition celtique). Quelques ex-voto, des monnaies jetées sur un emplacement privilégié aux abords du temple, des dépôts atypiques de céramiques brisées dans un fossé et des vases posés à l’envers au fond d’une possible fosse à offrandes sont autant de signes et de gestes qui attestent l’activité cultuelle au sud du site.
© Céline Villenave, Inrap
Au nord et à l’est du site, les habitations se répartissent le long des axes de circulation, dont un traverse le site. Un grand édifice longe celui-ci, jadis recouvert par une toiture de tuiles découverte effondrée sur le sol du bâtiment. La bâtisse, toute en longueur et peu large, pose la question de la présence de boutiques. Peut-être abritait-elle des activités commerciales et artisanales ?
Enfin, le cœur du site a livré beaucoup d’aménagements dont la répartition et les types (celliers et séchoirs notamment) montrent aussi que l’on se trouve sur la limite méridionale de l’agglomération.
Reflux médiéval et expansion moderne
À partir du IIIe siècle, les activités urbaines déclinent rive droite. À partir des IXe-Xe siècles, le renouveau urbain est signalé par un regain d’occupation qui conduira au développement d’une ville dont la prospérité ne cessera de croître.
Rive gauche, les archéologues constatent une quasi-désaffection des lieux entre le IIIe et le XVe siècle. Les parcelles de Vienne sont, sinon inoccupées, tout du moins à l’écart des principales zones d’activités. Celles-ci se recentrent probablement autour de l’église Saint-Saturnin et surtout, aux plus près des rives du fleuve et de la retombée du pont médiéval, établi en un point plus éloigné du site que ne l’était le pont romain.
Au XVe-début XVIe siècle, le terrain est rehaussé par des apports conséquents de terre, comme pour se protéger des risques d’inondations. De nombreuses fosses-dépotoirs et latrines attestent ensuite l’expansion de l’occupation aux XVIe et XVIIesiècles. Un cimetière pourrait alors avoir été aménagé à l’arrière de l’aître Saint-Saturnin. Entre 1680 et 1691, presque toutes les parcelles sont acquises par l’Hôpital Général : certaines seront des jardins et des vergers ; une autre, le long de la rue Clérancerie, deviendra le cimetière de l’établissement hospitalier jusqu’au début du XIXe siècle.
http://www.inrap.fr/archeologie-preventive/Ressources/Audiovisuels/Reportages-videos/p-18262-Un-sanctuaire-gallo-romain-a-Blois.htm
Aménagement : 3 Vals Aménagement
Contrôle scientifique : Service régional de l’Archéologie (Drac Centre)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Didier Josset, Inrap