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CARTHAGE (Tunisie): Un jeune Carthaginois réapparait plus de 26 siècles après sa mort

 

Un jeune Carthaginois « réapparait » plus de 26 siècles après sa mort

 Bouazza ben Bouazza

Source : http://fr.news.yahoo.com/3/20101017/twl-tunisie-france-carthage-archeologie-1be00ca.html

 

Découvert en 1994 par une équipe d'archéologues tunisiens et français, le squelette d'un jeune homme ayant vécu à Carthage au VIe siècle avant J.-C. a "repris vie" grâce à une reconstitution réalisée par le laboratoire parisien d'Elisabeth Daynès spécialisé en dermoplastie.

C'est sur la colline de Byrsa, à l'entrée du musée de Carthage qui surplombe la baie de Tunis, qu'une chambre funéraire datant de l'époque punique a été "fortuitement" découverte à près de cinq mètres de profondeur, alors qu'il était question au départ de planter un arbre à cet endroit précis.

Une des deux tombes juxtaposées renfermait "le squelette presque intact" d'un Carthaginois, et les analyses devaient démontrer qu'il avait vécu il y a quelque 27 siècles.

Ce haut lieu de l'histoire d'une Carthage maintes fois détruite, notamment par le général romain Scipion-Emilien en représailles des victoires remportées sur Rome par le célèbre chef carthaginois Hannibal, "est aujourd'hui ressuscité à travers la 'renaissance' de l'un de ses fils", se réjouit le Pr Leïla Ladjimi Sebaï, directeur de recherche à l'Institut national du patrimoine (INP) de Tunisie.

La fouille et l'étude de la sépulture et le "mobilier funéraire" ont alors été confiées à l'archéologue français Jean-Paul Morel, professeur émérite à l'université de Provence, alors en mission à Carthage-Byrsa.

L'étude anthropologique menée par la chercheuse, le Pr Sihem Roudesli-Chebbi, puis par l'Américaine Karen Ramey Burns, devait révéler que le squelette était celui "d'un très jeune homme âgé de 19 à 24 ans, d'une belle stature, assez robuste et d'une taille d'environ 1m70".

Présentant un crâne plutôt long, un front large, une face relativement étroite, un orifice nasal plutôt fin et étroit, des orbites hautes et une région mentonnière vraisemblablement carrée, les anthropologues le rapprochent d'un type européen, hispanique, appartenant donc au bassin méditerranéen.

Le Pr Morel en conclut que "ce jeune homme était sans doute bien né, selon la qualité de sa sépulture et celle des objets qui l'accompagnaient dans son ultime voyage".

Il s'agit de divers objets en céramique, notamment des amulettes de style égyptisant en stéatite et "une très belle gemme scarabée figurant un athlète agenouillé en position de course, ainsi que de fragments de tissus et d'ossements d'une oie sacrificielle".

Après plusieurs années de labeur et grâce à la dermoplastie qui, selon le Pr Leïla Sebaï, "s'appuie sur la technique la plus exacte et l'art le plus accompli, le squelette a retrouvé sa physionomie, ses traits, son visage, ses vêtements, bref son apparence humaine".

Souriant, vêtu de sa tunique phénicienne en lin blanc, portant des sandales à la mode carthaginoise, ce témoin exceptionnel de Carthage de l'époque punique est exposé au public depuis samedi au musée de la cité d'Hannibal.

La reconstitution "saisissante" du "jeune homme de Byrsa" semble à tel point proche du réel que des archéologues et paléo-anthropologues impressionnés par la performance scientifique s'interrogeaient sur sa façon de parler et sur ses occupations quotidiennes au VIème siècle avant J.-C., rapporte le chroniqueur de l'agence TAP, Abdelmajid Bettaib.

L'atelier parisien de la dermoplasticienne Elisabeth Daynès avait réalisé auparavant d'autres reconstitutions à partir de fossiles, dont celles de "l'Homme de Neandertal", de "Lucy" et du portrait du pharaon Toutankhamon.

L'opération a été conduite par le bureau tunisien du Conseil international des musées (ICOM), une ONG associée à l'UNESCO. AP