INRAP
Source - http://www.inrap.fr/archeologie-preventive/Actualites/Communiques-de-presse/Les-derniers-communiques/Communiques-regionaux/p-15325-Aux-origines-de-Chasne-sur-Illet-la-naissance-d-un-bourg-au-Moyen-Age.htm
Depuis la fin août, l’Institut national de recherches archéologiques préventives mène une fouille sur une surface de près de deux hectares en plein cœur du bourg de Chasné-sur-Illet, préalablement à la réalisation d’une zone d’aménagement concerté par le Groupe Giboire.
© Hervé Paitier, Inrap
L’existence de vestiges archéologiques sur ce site, dit du champ des buttes, est connue depuis le début du XXe siècle. Des prospections aériennes avaient également révélé le tracé d’importants fossés enserrant un château. Deux diagnostics (sondages) archéologiques réalisés en 2003 et 2010 confirmèrent l’existence sur ce site d’un ensemble de vestiges de l’époque médiévale : un château à motte et ses dépendances, ainsi qu’un habitat associé.
Ainsi, lorsque le Groupe Giboire confirme la mise en œuvre d’un projet d’aménagement, le service régional de l’Archéologie (Drac Bretagne) décide de prescrire une fouille préventive, afin de sauvegarder par l’étude ce site avant que les travaux ne démarrent. Une première opération, réalisée par une dizaine d’archéologues de l’Inrap sous la direction de Laurent Beuchet, s’achèvera en décembre, alors qu’une seconde fouille plus restreinte sera réalisée courant 2013 sur la seconde tranche de la ZAC.
Une occupation qui remonte à la fin de la préhistoire
Sur la totalité de l’emprise, les archéologues ont pu mettre au jour des vestiges, très diffus, datant de la fin de la période néolithique ou du début de l’âge du Bronze (autour de 2000 avant notre ère). Ce sont des fosses d’extraction, quelques fossés peu profonds et l’impact des poteaux de bois, aujourd’hui disparus et qui constituaient l’ossature des maisons. Ces vestiges ayant été fortement perturbés par les occupations plus tardives, il est difficile pour les archéologues de déceler une organisation du site dès cette période. Deux foyers constitués de blocs de quartz chauffés témoignent toutefois d’activités domestiques.
La naissance du bourg au Moyen Âge
Ce n’est qu’après plusieurs millénaires que de nouveaux groupes s’installent sur le site pour fonder véritablement le village de Chasné-sur-Illet au cours du haut Moyen Âge. Les archéologues ont retrouvé les traces de fossés délimitant des parcelles à l’intérieur desquelles étaient édifiées des maisons sur poteaux de bois. Au nord de cette zone, un cimetière, sans doute fondé au VIIe siècle, accueillait les défunts, dans des tombes disposées en rangées et orientées est-ouest. Deux d’entre elles se distinguent par leurs aménagements : l’une avec un coffre de schiste ardoisier et l’autre présentant les restes d’un sarcophage en calcaire coquillier.
Les vestiges d’un château à motte
Autour de l’an mil, le site subit une profonde restructuration avec la mise en place d’un château à motte : une tour de bois ou de pierre qui devait être juchée sur un tertre et dont le rôle était défensif. Si peu d’éléments subsistent aujourd’hui de son élévation, les archéologues ont pu mettre au jour le vaste fossé annulaire, d’environ 25 mètres de diamètre, qui l’enserrait. Il se distingue par ses dimensions : plus de 10 mètres de large pour 5 mètres environ de profondeur. Les matériaux issus de son creusement ont été accumulés au centre pour former une motte dont la hauteur pouvait avoisiner 10 mètres. Une barbacane (ouvrage défendant l’entrée) en demi-lune complétait le dispositif et permettait d’accéder au sommet de la motte depuis le sud. A l’est, un second fossé, large de 6 à 7 mètres, enserrait une basse-cour dans laquelle divers bâtiments abritaient les dépendances du château, et peut-être également un logis seigneurial.
Le manoir
Au XIIIe siècle, une nouvelle résidence seigneuriale est édifiée dans la basse cour. Les restes de ses fondations en pierre, dont une grande partie a été épierrée, dessinent un plan rectangulaire de 22 mètres de long pour 8 de large. Ses élévations pouvaient être en partie en terre et sa toiture en ardoises. A l’extrémité est du bâtiment, une cave semi-enterrée surmontée d’une chambre, a été dégagée par les archéologues. Au XVIe siècle, le manoir subit des transformations avec l’adjonction d’une aile ouest. Il sera abandonné au XVIIe siècle comme en témoigne l’abondant mobilier (céramique, verre et monnaies de cuivre) découvert dans le comblement de la cave.
Aménagement: Groupe Giboire
Contrôle scientifique: Service régional de l’archéologie (Drac Bretagne)
Recherche archéologique: Inrap
Responsables scientifiques: Laurent Beuchet, Inrap