INRAP
Source - http://www.inrap.fr/archeologie-preventive/Actualites/Communiques-de-presse/p-18965-Journee-portes-ouvertes-samedi-8-novembre-2014Fouille-de-l-ancienne-eglise-Saint-Germain-et-de-son-cimetiere-a-Flers.htm
Une équipe de l’Inrap intervient préalablement au projet d’aménagement de la place Saint-Germain, à Flers, par la municipalité. En février-mars 2013, un diagnostic archéologique avait permis de mettre au jour une partie des fondations de l’église et du cimetière Saint-Germain, d’origine médiévale. Prescrite par le service régional de l’Archéologie, la fouille a pour objectif l’étude anthropologique d’un groupe d’individus inhumés dans le cimetière paroissial, ainsi que la recherche des fondations de l’église moderne, construite au XVIIIe siècle, voire celle des vestiges de l’église antérieure.
Elle a permis de mettre au jour près de deux cents sépultures et des éléments maçonnés de l’église. L’étude archéologique est couplée à une étude en archives destinée à retracer l’histoire de la paroisse et du cimetière.
Des vestiges de l’église Saint-Germain refont surface
Mentionnée dans les archives dès le XIIe siècle, la ville de Flers consiste au XVe siècle en un modeste bourg rural d’environ 500 habitants concentré autour de l’église Saint-Germain. Ainsi, le quartier Saint-Germain est sans doute le plus ancien de la ville. Associé à l’église, un cimetière s’est développé, en usage jusqu’au XVIIIe siècle. Doté d’une tour-porche en 1720, l’édifice religieux est reconstruit en 1778, probablement à l’emplacement de l’église médiévale et au-dessus de l’ancien cimetière paroissial. Cet édifice moderne est démoli en 1924, donnant naissance à la place Saint-Germain, lors d’un important remaniement du quartier au cours duquel une nouvelle église Saint-Germain est érigée, à quelques mètres de l’ancienne. Les archéologues ont exhumé des fondations de l’église du XVIIIe siècle ainsi que des vestiges de la tour-porche aux dimensions imposantes (5,50 x 7 m). Leur objectif est de comprendre l’évolution du bâti religieux et de vérifier si l’église du XVIIIe siècle a bien supplanté l’édifice du bas Moyen Âge.
La mise au jour de vestiges de la première église permettrait d’étayer cette hypothèse. Ces nouvelles données scientifiques et patrimoniales intéressent au premier plan l’histoire de Flers.
Du nouveau sur la population ornaise au Moyen Âge et à l’Époque moderne
Un intérêt majeur de la fouille est l’étude du cimetière paroissial mis en place au Moyen Âge et utilisé jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. Cette zone funéraire présente une grande densité de tombes : les archéologues ont exhumé et fouillé finement près de deux cents sépultures, sur près d’une dizaine de niveaux superposés. Dans une grande majorité, les défunts étaient inhumés dans des cercueils en bois cloués, de forme trapézoïdale. Ils étaient également enveloppés d’un linceul fermé par des épingles en alliage cuivreux. Les individus étaient généralement déposés sur le dos, la tête à l’ouest, les avant-bras croisés sur le thorax ou sur le bassin, les jambes allongées. Le mobilier associé aux défunts est peu abondant, mais quelques objets ont toutefois été déposés, tel un chapelet ou une monnaie. Ces pratiques funéraires sont courantes à la fin du Moyen Âge et durant l’Époque moderne. Deux sépultures se démarquent toutefois de l’ensemble du cimetière par un mode d’inhumation habituellement réservé à une catégorie sociale privilégiée : il s’agit de deux caveaux situés vers l’autel dans lesquels ont été trouvés deux sarcophages en plomb du XVIIIesiècle. Accolé à l’un d’entre eux, un cœur en plomb a été découvert, témoin d’une pratique d’embaumement, un rituel funéraire réservé aux élites.
Menée en parallèle d’un travail d’archives sur les registres paroissiaux, la fouille s’attachera à mettre en évidence des zones d’inhumations différentielles selon la catégorie sociale, l’âge ou le sexe des inhumés. Mais surtout, l’étude anthropologique, et notamment les analyses paléopathologiques qui prolongeront la fouille, apportera des informations inédites sur les modes de vie ainsi que les conditions sanitaires et épidémiologiques des personnes inhumées. Ces recherches offrent donc l’opportunité d’étudier l’état sanitaire général d’une population de l’Orne et son évolution du Moyen Âge à la fin de la période moderne, période assez peu documentée jusqu’ici.