INRAP
Sourece - http://www.inrap.fr/archeologie-preventive/Actualites/Communiques-de-presse/p-18823-Une-necropole-du-Neolithique-moyen-a-Fleury-sur-Orne.htm
Une équipe d’archéologues de l’Inrap mène actuellement, sur prescription de l’État (Drac Basse-Normandie), une fouille de 20 hectares à Fleury-sur-Orne, dans le cadre de l’aménagement de quartiers d’habitation par Normandie Aménagement et l’agglomération de Caen-la-Mer. Le site révèle une importante nécropole du Néolithique moyen (4500 avant notre ère) contenant une vingtaine de monuments funéraires dont un tertre encore intact.
Vue aérienne du site © François Levalet / Inrap
Reconstitution hypothétique de la plaine occupée par la nécropole © Laurent Juhel / Inrap
Il y a 6500 ans, une architecture funéraire monumentale
Au cours du Néolithique moyen, de nouveaux types de monuments funéraires apparaissent : des constructions de terre et de bois, dont la longueur varie de quelques dizaines à plusieurs centaines de mètres.
Ces sépultures monumentales, les premières du genre sont dénommées « de Passy » – du nom du site éponyme dans l’Yonne. Ces grands monuments allongés sont délimités par des fossés auxquels peuvent être associée une palissade. Elle enserre un tertre abritant la tombe de défunts remarquables. En rupture avec les traditions antérieures, ces monuments funéraires suggèrent une nouvelle hiérarchisation de la société.
À Fleury-sur-Orne, une vingtaine de ces tombes monumentales a été repérée par les archéologues. Leur taille et leur morphologie sont variées : de 12 m à 300 m de longueur, enserrés de fossés de 20 cm à plus de 15 m de large.
Le monument 19, de 60 m de longueur, avec sa tombe monumentale d’archer accompagné de 7 moutons © François Levalet / Inrap
Un tertre encore intact
Il y a 6500 ans, ces sépultures étaient recouvertes d’un tertre de terre, une élévation que l’agriculture moderne a généralement fait disparaître. À Fleury, l’un deux a été exceptionnellement fossilisé par un chemin antique. Son mode de construction est très original : des murs en « mottes de gazon », édifiés à partir de plaques de tapis herbeux empilées. L’étude des éboulements suggère que ce tertre, outumulus, devait atteindre, à l’origine, plus de 2 m de haut. De telstumuli étaient encore visibles dans le paysage de Fleury jusqu’à la Seconde Guerre mondiale.
Sous les tertres, les sépultures…
© François Levalet / Inrap
Bassin de l’archer inhumé dans le monument 26, avec une flèche tranchante fichée dans l’os © P. Chambon, CNRS / Inrap
Chaque monument est conçu pour abriter quelques sépultures, souvent un seul défunt. Les sépultures les plus caractéristiques sont très grandes – 3,50 à 4 m de long – et contiennent un homme en armes. Peut-être un arc, assurément des flèches dont seules les pointes nous sont parvenues. Des moutons entiers sont placés en guise de viatique auprès du défunt.
Contemporaines des grands dolmens des rives de l’Atlantique, les tombes monumentales de Fleury ont mobilisé des énergies considérables au bénéfice de quelques-uns et signent l’émergence d’une différentiation sociale.
© D.R
Ces fouilles déboucheront prochainement sur une série d’analyses, paléo-génétiques, isotopiques, parasitologiques, pour en savoir plus sur la lignée de ces groupes humains, mais aussi sur leur alimentation, les maladies dont ils souffraient…
Voir aussi
Aménagement : Normandie Aménagement et l’agglomération de Caen-la-Mer
Contrôle scientifique : Service régional de l’Archéologie (Drac Basse-Normandie)
Recherche archéologique : Inrap
Responsables scientifiques : Emmanuel Ghesquière, Inrap et Philippe Chambon, CNRS