Source - http://www.ladepeche.fr/article/2016/07/04/2378180-exceptionnelle-decouverte-a-foissac.html#l4tLWh0tlUJBclLz.99
La statuette découverte par Sébastien du Fayet a été sculptée dans une phalange de grand bovidé, probablement un bison ou un auroch./Photo DDM, reproduction.
A l'occasion de travaux d'hivernage dans la grotte de Foissac, son gestionnaire, Sébastien du Fayet de La Tour, a fait une découverte exceptionnelle.
Il n'en existe que quelques exemples, notamment en Allemagne et dans le sud de la France. C'est donc une exceptionnelle pièce d'art mobilier qui a été mise au jour par Sébastien du Fayet en zone de battement de crues du ruisseau souterrain : une petite statuette sculptée, gravée et incisée avec un silex dans une phalange de grand bovidé, probablement un bison ou un auroch, datant du paléolithique supérieur. Si l'interprétation du résultat reste aléatoire et sera tentée par le biais d'un relevé 3D, certaines incisions paraissent liées au façonnage de l'objet. «Les quadrillages réalisés ont fait éclater les écailles de l'os pour pouvoir le graver. On peut voir que des traits ont été tracés au niveau des joues, représentant des tatouages ou des scarifications, et imaginer que le personnage porte un fœtus ou un petit animal, faisant penser à la vierge à l'enfant», constate Sébastien.
L'argile comme conservateur
Si la découverte de cette statuette est exceptionnelle, sa conservation ne l'est pas moins. «L'os a subi d'importants séjours hors de l'eau, probablement en contact de l'air. Il est possible que la face externe soit restée longuement prisonnière d'une gangue argileuse déposée par la rivière, la privant d'oxygène, alors que les trois autres faces étaient en prise directe avec l'atmosphère de la grotte qui est à une température et une hygrométrie constante, à 100 % d'humidité», explique le spécialiste qui poursuit : «L'os a conservé de petites et fines plages de calcite granuleuse. Ce sont des résidus de surfaces calcitées qui furent nettement plus importantes. Leur présence révèle l'existence d'une phase durable de l'histoire de l'os nécessaire à cette formation. Il était alors au moins partiellement à l'air libre, dans la grotte, et en un lieu situé hors zone de battement des crues. Tous ces événements s'inscrivent dans de longues durées qui accordent à l'os et à son incision une grande ancienneté, totalement incompatible avec une date postérieure à la découverte de la grotte en 1965».
A l'abri dans la grotte
Depuis sa découverte par Sébastien du Fayet, la statuette a fait l'objet d'études de la part de Yanik Le Guillou, expert en art pariétal à la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC), qui a conclu : «Les données dont nous disposons génèrent un faisceau de présomptions qui invite à considérer que l'objet, déjà incisé, a longuement (plusieurs millénaires) séjourné dans le réseau de la grotte de Foissac et y a subi, après incision, de multiples événements de durées parfois longues. Nous retenons donc une attribution préhistorique pour cette œuvre d'art mobilier et espérons que la poursuite de son étude permettra d'affiner cette attribution chronologique. Par contre, nous ne disposons pas de données probantes sur les conditions et les dates des déplacements qui, dans la grotte, ont affecté l'objet depuis son abandon».
En attendant que cette statuette révèle tous ses secrets, elle va faire l'objet d'un panneau explicatif installé dans le musée. «Nous étudierons ensuite la façon de la présenter au public mais il faut prendre de nombreuses précautions, notamment en termes de lumière artificielle. Elle ne sera donc pas visible du public tant que nous n'aurons pas évalué l'impact conservatoire», explique Sébastien, dont le but premier est d'enrichir le patrimoine culturel aveyronnais.
En attendant, elle restera bien protégée dans un endroit de la grotte pour l'instant tenu secret.
Crédit : Grotte Foissac / Sébastien du Fayet de la Tour