Harbin (Chine): Une nouvelle espèce identifiée : Homo longi
Source -https://www.hominides.com/html/actualites/homme-de-longi-harbin-chine-146000-ans-1472.php
Un crâne humain avait été découvert en 1933 dans la ville de Harbin traversée par la rivière Songhua, dans la province du Heilongjiang « Rivière du Dragon Noir » au nord-est de la Chine. Après différentes péripéties dues à l’invasion japonaise de la partie orientale de la Chine où il fallait cacher les fossiles des mains de l’envahisseur, le crâne était inconnu des scientifiques. En 2018, le crâne est sorti de sa cachette et conservé au Musée de Géoscience de l’Université Hebei GEO à Shijiazhuang.
Une équipe de chercheurs chinois et le paléoanthropologue britannique Chris Stringer ont pu lancer différentes études pour déterminer son espèce et son âge ainsi que ses caractéristiques morphologiques, et enfin reconstituer l’histoire de cette espèce et sa place dans l’évolution de l’humanité. L’étude du crâne a été publiée dans la revue The Innovation.
Le fossile de Harbin
Pour le professeur Qiang Ji, de l'Université Hebei GEO, « ce crâne est l’un des fossiles humains du milieu du Pléistocène les mieux conservés. »
Presque intégralement conservé ,le crâne de Harbin présente des caractéristiques anatomiques qui ne permettent pas de l’attribuer avec certitude à une espèce en particulier.
Le crâne est de taille supérieure par rapport aux crânes appartenant à d'autres espèces humaines, en moyenne. Le cerveau semble lui, de taille similaire à celui de notre espèce.
Le fossile de Harbin a de grandes orbites presque carrées, des arcades sur orbitale très marquées et épaisses, la cavité buccale est large et la dentition surdimensionnée d’après les cavités dentaire et l’unique molaire retrouvée.
Même en l’absence d’éléments du squelette, la robustesse du crâne indique aux chercheurs que l’Homme de Harbin avait probablement une puissante constitution.
Crâne face et profil Homme de Harbin - Xijun Ni
Un fossile de 146 000 ans !
Plusieurs méthodes de datation ont été utilisées : analyses géochimiques, y compris la fluorescence X non destructive, les éléments des terres rares et les isotopes du strontium. Les résultats suggèrent que le crâne fossile provenait d'un lit de sédiments lacustres âgés entre 138 et 309 000 ans.
Sur le crâne en lui-même la datation uranium donne un âge de 146 000 ans donc en concordance avec les autres datations.
Qui est Dragon Man ?
Par rapports aux autres hominidés on peut donc parler d’une espèce possédant une « grosse tête » assez large mais avec un cerveau de taille plus classique. Ces caractéristiques archaïques peuvent faire penser à un néandertalien mais ce n’est pas le cas.
"Le crâne présente une combinaison de mosaïques de caractéristiques primitives et plus modernes, le distinguant de toutes les autres espèces humaines", a expliqué le professeur Qiang Ji.
Par ailleurs, les chercheurs ont étudié la morphologie du crâne en isolant près 600 traits caractéristiques qu'ils ont ensuite informatiquement comparés à ceux d'autres fossiles, afin d’essayer de trouver des correspondances.
Pour l’équipe le crâne pourrit être morphologiquement apparenté à d'autres spécimens retrouvés en Asie (Dali, Jinniushan, Hualongdong, Xiahe). Selon cette hypothèse les autres fossiles appartiendraient donc à cette nouvelle espèce, Homo longi, en référence au mot chinois "long", signifiant dragon.
Des crânes d’hominidés du plus ancien à gauche à Dragon Man à droite. Photo Kay Geng
Pour le professeur Chris Stringer (Natural History Museum de Londres) qui a participé à cette étude, on peut toutefois lui trouver des signes forts de ressemblances avec le crâne de l’homme de Dali. De manière plus générale le paléoanthropologue indique « Dans notre étude, l’homme de Harbin est plus proche d’Homo Sapiens que l’homme de Néandertal ne l’est ». C’est-à-dire que le dernier ancêtre commun entre Dragon Man et Homo sapiens est plus récent que notre ancêtre commun avec les Néandertaliens.
"Nous avons retrouvé notre lignée sœur perdue depuis longtemps", a déclaré Xijun Ni, professeur à l'Académie chinoise des sciences et à l'Université Hebei GEO à Shijiazhuang.
Le professeur Marta Mirazon Lahr, de l'Université de Cambridge, pense que Dragon Man était, en fait, un Denisovien. Elle complète en indiquant que "les Dénisoviens sont une population principalement connue par son ADN. La mâchoire trouvée sur le plateau tibétain pourrait appartenir à un Dénisoviens. Et la mâchoire du Tibet et celle de Dragon Man Dragon se ressemblent..."
Pour avoir des certitudes sur la place de cet hominidés dans la famille humaine, il faut trouver de l’ADN au plus profond de l’os, sans contamination… et confirmer que c’est peut-être le premier crâne quasi complet de Dénisovien identifié.
Reconstitution de Dragon Man - Photo CHUANG ZHAO
Source :
Cell.com Geochemical provenancing and direct dating of the Harbin archaic human cranium 2.1-million-year-old stone tools suggest hominins reached East Asia much earlier than thought.