Innovation révolutionnaire pour les archéologues.
Lev Eppelbaum de l'Université de Tel Aviv invente un nouvel outil pour indiquer aux archéologues le meilleur endroit pour creuser
Roxane Tran Van
Source - http://www.israelvalley.com/articles/31592?slug=israelvalley-innovation-revolutionnaire-pour-les-archeologues-lev-eppelbaum-de-l-universite-de-tel-aviv-invente-un-nouvel
Les archéologues du monde entier basent leurs travaux sur un répertoire de méthodes partiellement efficace (des textes historiques, des indicateurs de surface et la technologie) afin de décider où creuser pour retrouver d’importants sites archéologiques. Pourtant cette décision est souvent le fruit de devinettes, puisque ce que la terre voile à l’oeil est souvent de l’ordre de l’inconnu pour ces chercheurs. Une invention israélienne pourrait cependant venir révolutionner ce premier travail de localisation.
Grâce au professeur Lev Eppelbaum du département de géophysiques et des sciences planétaires de l’Université de Tel Aviv, un nouvel outil peut indiquer aux archéologues le meilleur endroit pour creuser. Le professeur Eppelbaum a créé une méthodologie sonore géophysique et écologique capable de trouver les “bruits des sous-sol” des sous-terrains qui ne renferment aucune trouvaille archéologique. Cette nouvelle technologie peut détecter les structures archéologiques et les objets jusqu’à 150 mètres sous la surface du sol en produisant des images précises en 3D, voire 4D.
“C’est l’indice le plus concluant jamais réalisé concernant ce qui est sous la surface du sol”, a déclaré M. Eppelbaum, qui a immigré d’Azerbaïdjan en Israël en 1990. “Jusqu’ici il était très difficile de révéler les composants archéologiques signifiants, considérant l’important bruit que dégagent les composants qui ne sont pas pertinents. Maintenant, c’est possible”, s’est-il réjouit.
Les méthodes communément utilisées sont les radars, l’imagerie satellite et la technologie infrarouge, or elles produisent peu de résultats concluants et ne peuvent souvent s’appliquer qu’à des zones situées loin des régions urbaines modernes et des zones industrielles en raison des interférences que créent les conduits d’eau, les câbles de téléphone et les lignes électriques.
La méthode de M. Eppelbaum, baptisée le “Multi-PAM” (modèles physiques archéologiques), utilise une combinaison de sept composants géophysiques pour produire une estimation du paysage sous-terrain: le magnétisme, la gravité, l’auto-potentiel, FTB (les fréquences très basses de transmissions radio électromagnétiques profondément sous la surface de l’eau), la résistance, la polarisation provoquée (basée sur différentes propriétés électromagnétiques) et la piézoélectricité, qui détecte les minéraux et certains objets archéologiques faits à partir d’argile cuite.
Dans la majeure partie des cas, les sept méthodes ne sont pas toutes utilisées en raison du coût que cela induit. “Normalement nous pouvons préciser l’image en utilisant deux ou trois méthodes par site”, a expliqué M. Eppelbaum, également ancien champion d’échecs. Il a précisé que la technologie expérimentée pouvait être mise en place grâce un avion télécommandée, le plus souvent utilisé par des militaires, envoyé pour analyser les voies sous-terrainnes en question. Ces données sont ensuite converties en algorithmes mathématiques pouvant être traduits en image.
Cette méthode est relativement peu couteuse – elle se compte en milliers de dollars. “L’archéologie n’est pas génératrice de profit”, a par ailleurs souligné M. Eppelbaum. Cependant le système dispose d’un potentiel pour permettre aux archéologues d’économiser du temps et de l’argent sur le long terme puisque les géomètres seront en mesure de déterminer la localisation des sites avec une importante précision.
Les archéologues n’ont généralement pas les ressources financières nécessaires pour explorer plus de 5%, et ce sur plusieurs années. “Sans la géophysique, des millions de dollars seront consacrés à la recherche de sites archéologiques de manière incorrecte et certains sites pourraient même être ruinés par le développement industriel”, a ajouté l’archéologue.
En dehors du coût que représente cette nouvelle technique, un facteur plus insidieux pourrait empêcher les excavateurs de rendre la méthode populaire. “Même si l’argent pour cela était disponible, bien des archéologues hésiteront à l’adopter en raison de la réduction de temps et du budget qui en résultera”, a-t-il indiqué. En outre il pourrait y avoir des objections de la part des promoteurs immobiliers et des responsables gouvernementaux en Israël, qui ont déjà besoin de consulter les archéologues avant de lancer un projet dans certaines zones.
Néanmoins, la méthode a déjà été testée en Israël, en Italie, en Autriche et aux Etats-Unis. En Israël, la densité archéologique est l’une des plus importantes au monde – 30 000 sites actuels et près de 20 000 qui devraient être retrouvés sur une surface de 22 000 mètres carrés – la technologie a été utilisée dans une vingtaine de sites, y compris à Banias et Sha’ar HaGolan, sur le plateau du Golan; à Halutza, au sud-ouest de Beer Sheva; à Nahal-Zehora au nord-est de Tel Aviv; à Munhata, au sud du lac Kinneret (mer de Galilée); à Yodefat, au nord est de Haïfa et à Tel Kara Hadid, au nord d’Eilat.
En Israël, Multi-PAM pourrait être utile non seulement pour les recherches sur un nombre importants de sous-terrains archéologiques mais également pour détecter les minéraux et les éléments qui sont sous la surface terrestre et sous la mer, ou encore afin de trouver des tunnels terroristes. “Nous sommes heureux de le mettre en place sur d’autres sites si nous en avons la possibilité”, a affirmé M. Eppelbaum.
Jusqu’à l’avènement de Multi-PAM, les archéologues étaient largement étrangers aux méthodes géophysiques. Selon M. Eppelbaum, près de 95% des archéologues ne comprennent pas de telles méthodes et préfèrent se lancer directement dans une excavation. Cela est le plus vrai en Israël, contrairement à l’Europe ou aux Etats-Unis, où il n’existe aucun centre géologico-archéologique interdisciplinaire. Au cours des trois dernières années, M. Eppelbaum a tenté d’en faire créer un à l’Université de Tel Aviv.