Kiev : des grottes avec des "hiéroglyphes et des symboles varègues"

Mathilde Ragot

Source - Kiev : lumière sur la découverte d'un complexe de grottes avec des "hiéroglyphes et des symboles varègues" (msn.com)

Aa17l5eaL'une des grottes découvertes au centre de Kiev, en Ukraine.© Дмитро Перов / Dmytro Perov

En novembre 2022, le centre historique de Kiev a été le théâtre d'une découverte surprenante : un formidable réseau de grottes au sein duquel figurent de vieilles inscriptions qui pourraient dater de plusieurs dizaine de siècles, et d'époques différentes. Retour sur cet événement.

C'est en quelque sorte une chasse aux trésors qu'a entrepris Dmytro Perov, du Centre de développement urbain de Kiev (Ukraine), comme le raconte le site de la Radio ukrainienne (Про Українське радіо) le 14 novembre 2022. Il a suivi les indications de sa grand-mère, qui évoquait régulièrement l'emplacement légendaire d'une grotte à côté de l'ancienne maison de famille, jugée inhabitable par les autorités du logement de la ville en 1979. Gardant les rumeurs familiales dans un coin de sa tête (et ayant appris que le terrain pourrait être exploité), Dmytro Perov a donc recherché dans le quartier de Podil ces mystérieuses galeries. Quelle ne fut donc pas sa surprise quand, avec ses amis, il en a découvert une entrée !

Des trésors insoupçonnés nichés au cœur de Kiev

Le 12 novembre 2022, de premières explorations dans les grottes ont ainsi été menées par celui qui les a révélées, ainsi qu'un groupe de chercheurs de l'Institut d'archéologie. Sur Facebook, Dmytro Perov explique qu'ils auraient parcouru environ quarante mètres dans les tunnels souterrains, faisant au final partie d'un complexe bien plus grand de quatre grottes distinctes. Pour le moment, seules deux d'entre elles ont été parcourues, les autres nécessitant la création de passages supplémentaires pour être pleinement accessibles. Mais l'équipe y a déjà découvert des fragments de poterie ainsi qu'un "ensemble de hiéroglyphes et de symboles varègues".

KiewDe façon préliminaire, les spécialistes supposent qu'ils pourraient dater de l'ère de la Rus' de Kiev, État d'Europe de l'Est et du Nord qui prospérait de la fin du IXe au milieu du XIIIe siècle, avant l'invasion mongole. Un État médiéval fondé et gouverné par les Varègues, aussi dénommés par les Slaves orientaux les "Vikings du nord", qui contrôlaient alors une vaste route commerciale mondiale vers l'ouest — ils sont aussi connus pour avoir formé la garde des empereurs byzantins. Toutefois, le territoire de l'époque était si étendu qu'il rassemblait de nombreux peuples. Cela devrait rendre difficile de déterminer qui exactement a bien pu graver ces symboles sur les murs de la grotte.

Parmi les "images animistes d'animaux et des graffitis" inscrits, indique toujours Dmytro Perov, cette fois cité par le site Archeonews, se cachait la rune Algiz (surnommée le "pied de poulet") de l'alphabet runique du Futhark, utilisé à l'écrit dans les langues proto-germaniques de l'époque. Pour les Varègues, il aurait été un symbole de sécurité et de longévité. D'autres inscriptions, par ailleurs, pourraient être encore plus anciennes et être datées au Ve ou VIe siècle av. J.-C., avancent les archéologues. Si davantage de recherches doivent être entreprises pour le découvrir, ils se voient déjà étonnés que de tels trésors puissent se cacher si longtemps au centre de Kiev.

Nouvellement découvert et déjà menacé ?

"Les dernières grottes découvertes à Kyiv sont le complexe du Serpent, qui a été découvert dans les années 1980. Depuis 1985, aucun complexe de grottes à grande échelle sur le territoire de Kyiv n'avait été révélé ni étudié", s'enthousiasme ainsi Dmytro Perov. Mais il alerte également : bien que le conseil municipal ait reporté la décision du permis de construction sur le site,"il n'y a aucune garantie [...] que ce lieu unique ne sera pas utilisé pour la construction d'un autre complexe résidentiel". C'est pour cette raison qu'il a voulu partager ses trouvailles, afin d'attirer l'attention du grand public sur l'importance de la protection de ces lieux. La divulgation hâtive de ce genre de découverte peut en effet habituellement entraver la préservation de tels sites archéologiques.