Baptiste Rouch
Source - http://www.maxisciences.com/momie/l-039-etonnant-secret-d-039-une-momie-egyptienne-perce-grace-a-un-scanner_art32651.html
Tout portait à croire qu'une momie égyptienne était une défunte femme... son cercueil, ses vêtements mais aussi ce qui s’apparentait à être des seins. Pourtant, un tomodensitomètre a récemment révélé le contraire.
Même après 170 ans d'études et d'observations, certaines pièces archéologiques peuvent conserver bien des secrets ! C'est le cas d'une momie arrivée au British Museum en 1835. Pendant plusieurs décennies, les experts ont pensé qu’il s’agissait d’une femme, vêtue d’une jupe rose. Une hypothèse notamment étayée par le fait que la momie semblait avoir des seins et qu'il semblait s'agir d'un cercueil de femme. Toutefois, certains éléments ne collaient pas. Les chercheurs s’interrogeaient notamment sur le fait que l’embaumeur avait dessiné une barbe sur "son visage". Dans les années 1960, le corps de la momie a ainsi été radiographié aux rayons X afin d'en savoir plus sur elle. Mais cette étude n'a fait que soulevé de sérieuses questions à propos du genre du défunt. Aujourd'hui, un nouvel examen au scanner mené dans un hôpital a enfin permis de trancher : la momie est en vérité un adulte de sexe masculin. Plusieurs tests ont établi que l’homme était âgé d’une vingtaine d’années et mesurait 1,67 mètres. Sa dentition montre qu’il avait perdu cinq dents et qu’il souffrait terriblement de plusieurs abcès dentaires. Des seins pour montrer son embonpoint L’embaumeur avait surement le souci du détail. En effet, une paire de bandelettes de tissu a été placée au niveau du décolleté - pour donner du volume à son buste - de manière tout à fait réfléchie. Un rembourrage similaire a également été appliqué pour gonfler ses cuisses. Les experts pensent que l’embaumeur essayait par là de recréer avec précision l’apparence du défunt tel qu’il était réellement avant sa mort. Le rembourrage volontaire du buste et des cuisses pourrait ainsi suggérer que l’individu avait un certain embonpoint. "Il y avait une tentative délibérée pour créer son apparence et il se peut que cela a été fait parce qu’il été en surpoids ", a souligné John Taylor, conservateur du département de l’Ancienne Egypte et du Soudan au British Museum. L’excavation de l’homme daterait du 2ème siècle après J-C, lorsque l’Egypte était sous la domination romaine. Avant d’être achetée par le British Museum, la momie faisait partie d’une collection d’antiquités égyptiennes amassées dans les années 1820 par Henry de Salt, consul général britannique en Egypte. Pourquoi un cercueil de femme ? L’homme reposait dans un cercueil en bois marqué par le nom d’une femme, Mutemmenu. Le cercueil a été daté à entre 1300 et 1200 ans avant J-C. Toutefois, John Taylor pense que la présentation de la momie telle qu’elle était de son vivant plutôt que physiquement idéalisée découle d’une époque plus récente. Par ailleurs, aucune inscription ne permet d’identifier le défunt. Aussi, la momie reste encore assez mystérieuse. "Ce que nous savons, c’est qu’il appartenait à une famille de haut statut puisque le corps a été soigneusement traité", a déclaré le conservateur. Mais pourquoi l'avoir placé dans un cercueil de femme ? Les experts pensent que les Egyptiens pouvaient parfois réutiliser des cercueils appartenant à d'autres défunts afin d'enterrer de nouvelles personnes. Néanmoins, une autre hypothèse laisse à penser que les marchants d’antiquités au XIXème siècle mélangeaient des objets de valeurs avec d’autres pour augmenter le prix global, même si les artefacts n’avaient aucun rapport entre eux. La présence de certains objets aurait alors faussement conduit les experts à penser qu'il s'agissait d'une tombe de femme. L'imagerie médicale à des fins archéologiques La momie qui vient de "changer de sexe" fait partie d’une nouvelle exposition au British Museum qui a ouvert le 22 mai jusqu’au 30 novembre prochain. Elle est l’une des 8 autres momies "virtuellement déballées" grâce au tomodensitomètre. Hommes, femmes et enfant vivaient sur les rives du Nil en Egypte et au Soudan entre 3500 ans avant J-C et 700 ans après J-C, leurs vies et leurs morts n’ont désormais plus aucun secret. Toutes les images proviennent des scanners normalement utilisés pour diagnostiquer les maladies cardiaques, les fractures ou les tumeurs. Cependant, les tomodensitomètres utilisent des rayons X qui produisent des images tranches par tranches du corps des momies et révèlent leurs moindres détails. "Cette nouvelle technologie est vraiment révolutionnaire, elle nous permet de reconstituer et de comprendre la vie de ces personnes", a déclaré Neil MacGregor, directeur du British Museum. Alors qu’un appareil d’imagerie médical peut nous en apprendre sur les vivants, il peut également percer les secrets des morts, qui ils étaient, comment ils vivaient ou même de quelle maladie ils souffraient, a relevé le directeur.
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