INRAP
Source - http://www.inrap.fr/archeologie-preventive/Actualites/Communiques-de-presse/p-15975-Une-necropole-de-l-age-du-Bronze-ancien-au-Bono-Morbihan-.htm
Dégagement d’une sépulture du Bronze ancien. © Laurent Juhel, Inrap
L’Inrap mène actuellement des recherches sur le site de Mané Mourin au Bono, dans le cadre de l’aménagement d’une ZAC par EADM (Espace, aménagement et développement du Morbihan). Un diagnostic (sondages) avait préalablement mis en évidence la présence de vestiges du Néolithique et de l’âge du Bronze, conduisant l’État (service régional de l’Archéologie de Bretagne) à prescrire une fouille préventive sur une surface de deux hectares avant que les travaux ne se poursuivent. Une équipe d’une dizaine d’archéologues, dirigée par Laurent Juhel, intervient depuis début mars et jusqu’en juillet sur ce site remarquable par la mise au jour notamment d’une nécropole de l’âge du Bronze d’un type peu étudié jusqu’ici dans l’ouest de la France.
De nombreux fours et foyers du Néolithique
Four à pierres chauffées néolithique. © Chloé Pfister, Inrap
Les vestiges datant de l’époque néolithique consistent essentiellement en de nombreuses structures de combustion, dits « fours à pierres chauffées » et caractéristiques de la période du Néolithique moyen (vers 4200 avant notre ère). Ils permettaient une cuisson à l’étouffée, les aliments étant posés sur de nombreux blocs de granit préalablement chauffés puis déposés dans une fosse circulaire. Une vingtaine de ces fours ont été découverts, plusieurs étant parfois regroupés dans un même secteur. Ces concentrations de fours pourraient témoigner de repas collectifs partagés à l’occasion d’évènements communautaires.
D’autres structures de combustion beaucoup plus inhabituelles
Quatre très grands fours rectangulaires (3 mètres de large environ pour 2 mètres de hauteur) ont également été mis au jour. Ces structures sont exceptionnelles par leur taille et leur aménagement particulièrement soigné, le fond et les parois étant entièrement pavés de dalles de granit.
Grande structure de combustion de l’âge du Bronze. © Chloé Pfister, Inrap
Leur découverte étant singulière, les archéologues s’interrogent actuellement sur leur fonction : servaient-ils pour la cuisson des aliments ? Étaient-ils liés à de l’artisanat ou à un tout autre usage, rituel par exemple ? La réalisation de datations radiocarbones permettra rapidement d’affiner la chronologie de ces structures (du Néolithique ou de l’âge du Bronze ?). Puis la poursuite des études, notamment l’analyse en laboratoire des prélèvements de sédiments et de pierres brûlées, à la recherche de résidus de cuisson, permettra d’affiner les hypothèses sur leur usage et de comprendre l’articulation de ces fours, inédits pour la Bretagne, avec les autres éléments mis au jour sur le site.
Une nécropole de l’âge du Bronze ancien
Comblement supérieur d’une grande sépulture de l’âge du Bronze, et foyers périphériques. © Émilie Lagneau, Inrap
La découverte d’un ensemble funéraire daté du Bronze ancien (autour de 2000 avant notre ère) est l’élément majeur de la fouille conduite au Bono. Une dizaine de tombes sont regroupées sur une petite surface d’environ 300 mètres carrés. Cinq sépultures sont parfaitement alignées. La découverte au fond de l’une d’elles d’un petit vase déposé en offrande a permis de dater la nécropole : la forme du vase et les décors incisés sur cette céramique étant attribuables au début de l’âge du Bronze.
Petit vase daté du Bronze ancien, découvert déposé au fond d’une sépulture. © Laurent Juhel, Inrap
Les tombes regroupées sur le site de Mané Mourin constituent sans doute le petit cimetière, familial ou communautaire, d’une population relativement modeste. Les pratiques funéraires de cette période étant mieux connues par les nombreux tumulus – lieux de sépultures des élites sociales comme en témoignent les riches offrandes funéraires accompagnant le défunt – la nécropole du Bono, par le type de sépultures, leur nombre et leur organisation, constitue une découverte inédite pour l’âge du Bronze ancien armoricain. Elle viendra compléter et enrichir notre perception des pratiques funéraires de ces sociétés très anciennes.
Sépultures du Bronze ancien. © Mélanie Levan, Inrap