Olivier Renault
Source - http://www.ouest-france.fr/squelettes-et-vestiges-au-pied-de-la-cathedrale-3377154
Les sondages archéologiques ont repris au pied de la cathédrale Saint-Julien. Derrière la muraille médiévale, le sol continue de livrer des informations très intéressantes aux archéologues de l'Inrap.
Des squelettes à faire parler
Depuis la reprise des sondages archéologiques au chevet de la cathédrale Saint-Julien, mi-avril, trois sépultures ont été mises au jour. Elles n'ont pas encore été datées mais les archéologues de l'Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), les situent entre l'Antiquité tardive et le XIIIe siècle. Cette large fourchette d'environ dix siècles sera sérieusement affinée après datation des ossements au carbone 14.
« Ils seront aussi examinés par un anthropologue qui nous en dira plus sur les rites d'inhumation et donc sur la période à laquelle celles-ci ont eu lieu », explique Stéphane Augry, responsable de la fouille. L'étude des restes humains devrait aussi permettre de découvrir qui a été enterré ici : homme ou femme ? De quel âge ? De quelle taille ? etc.
L'empreinte de la tour arrachée
La trace de la tour romaine arrachée (la tour dite Saint-Joseph) au moment de la construction du chevet de la cathédrale au XIIIe siècle, est très nette sur la portion de muraille donnant sur les jardins de la cathédrale.
Les archéologues en ont aussi trouvé l'empreinte dans le sol, sous la forme d'un « négatif » brunâtre encadré par d'intéressants trous de poteaux. « Ce sont très probablement les trous laissés par les « pieux battus » que l'on enfonçait dans le sol pour stabiliser la maçonnerie au moment de la construction », précise Stéphane Augry.
La chapelle du cardinal et la salle du synode retrouvées
Tout près de l'empreinte de la tour romaine, des éléments de maçonnerie moyenâgeuse ont été découverts. Probablement les derniers vestiges de la « salle synodale » construite au XIIIesiècle. Un peu plus haut, sur la terrasse, les archéologues sont tombés sur ce qu'ils pensent être les restes de la chapelle Renaissance du cardinal de Luxembourg et sur un tronçon de voie ancienne.
La pente de la vallée ou un fossé défensif ?
Le site des Jacobins était autrefois une vallée au fond de laquelle coulait un ruisseau. Cette topographie - qui n'est plus très évidente aujourd'hui - se lit encore dans la terre fouillée. Une saignée pratiquée d'un côté du chevet permet de suivre le relief tourmenté qui plonge vers la vallée.
La découverte d'un mur romain - peut-être un mur terrasse - laisse penser qu'il s'agit de la pente naturelle très marquée du site. Mais d'autres hypothèses restent possibles. Il pourrait aussi s'agir d'un versant du fossé défensif qui complétait le mur romain ou d'un pan du fossé médiéval creusé juste avant le rempart maçonné du XIIIe siècle.
Le mystère de la salle fantôme
De l'autre côté du chevet, un sondage beaucoup plus profond a révélé une grande quantité de céramiques romaines et médiévales ainsi que la présence d'une salle « fantôme » qui communiquait avec la chapelle axiale de la cathédrale. Si ses fondations n'ont pas été retrouvées, elle a laissé plusieurs traces de son existence...
C'est d'abord le niveau du sol qui parle. Le « substrat » ou « sol naturel » (pour les archéologues : la dernière couche vierge de tout vestige archéologique), très haut de l'autre côté du chevet, est ici très profond. Le niveau de circulation était donc autrefois beaucoup plus bas qu'aujourd'hui. En observant attentivement la façade de la cathédrale, on remarque également d'anciens trous de solives rebouchés et une porte murée donnant dans le vide. La salle disparue devait disposer de plusieurs étages.
La suite au prochain épisode
Les archéologues reviendront sur le site dans une semaine, pour terminer les sondages. Stéphane Augry rendra son rapport pour le 21 juin. C'est à partir de celui-ci que seront prescrites ou non des fouilles avant l'aménagement du site.