Source - https://www.hominides.com/jeunes-paranthropes-une-enfance-rapide/
La découverte de plusieurs restes de jeunes paranthropes en Afrique du Sud montre qu’ils se développaient beaucoup plus rapidement que d’autres espèces d’hominidés, comme les australopithèques ou les premiers représentants du genre Homo.
Les gisements préhistoriques sud-africains de Kromdraai et Drimolen, dans les environs de Johannesburg et de Prétoria, font à nouveau parler d’eux. C’est dans ces grottes classées au Patrimoine mondial de l’Humanité (comme le site de Sterkfontein qui se trouve à proximité ) que des crânes vieux de 2 millions d’années ont été découverts. L’étude des ossements a été menée par José Braga, professeur de paléoanthropologie à l’université Toulouse III – Paul Sabatier et au Centre d’anthropobiologie et de génomique de Toulouse (CAGT – CNRS/UT3), et son équipe marque un tournant dans nos connaissances sur les premiers humains. L’étude a été publiée dans Science Advances.
Reconstitution 3D d’un crâne d’un jeune paranthrope à partir des restes des fossiles de Kromdraai – Image José Braga
Les fossiles d’enfants de plus de 2 millions d’années !
Âgés de moins de 3 ans, les quatre Paranthropus robustus sont morts il y a environ deux millions d’années. Ce sont leurs ossements fossilisés qui ont fait l’objet d’une étude approfondie en utilisant des techniques d’imagerie (micro-tomographie à rayons X) de morphométrie 3D. C’est une première pour cette espèce : jusqu’à présent seuls les australopithèques avaient pu bénéficier d’une étude sur les juvéniles, grâce au crâne d ‘Australopithecus africanus découvert en 1924 par le professeur Dart. Surnommé l’enfant de Taung, le crâne avait en plus la particularité de laisser apparaître une partie de son encéphale fossilisé !
Étudier un crâne d’enfant d’hominidé est une chance… alors quatre !
Premier élément d’importance, l’étude montre que les 4 jeunes fossiles de paranthropes ont des caractéristiques bien plus proches du genre Homo que celles des australopithèques. Cela reste logique car les australopithèques sont plus anciens dans le temps. Les chercheurs font remarquer que notre lignée était à la fois plus éloignée des australopithèques et plus proche des paranthropes. Depuis les fouilles de 2014 les fossiles découverts à Kromdraai montrent que les paranthropes étaient contemporains des premiers représentants du genre Homo… les premiers « humains » qui vont mener à l’Homo sapiens.
Un développement plus rapide
L’étude de fossiles de jeunes hominidés renseigne à la fois sur l’espèce en elle-même mais également sur son développement.
Dans ce registre il apparaît que les paranthropes se différenciaient clairement des premiers humains. Les enfants paranthropes grandissaient bien plus rapidement que ceux apparentés au genre Homo. Les chercheurs ont calculé que leur cerveau atteignait une taille adulte dès l’âge de 3 ans. D’autres caractéristiques liées à leur mastication végétarienne étaient également en place très tôt au cours de l’enfance. Pour le paléoanthropologue José Braga « l’enfance des paranthropes devait être étonnamment rapide, bien plus que pour de nombreuses espèces actuelles de grands singes, comme les chimpanzés et les gorilles ».
Les découvertes de Kromdraai et de Drimolen nous révèlent également l’identité du célèbre crâne d’un enfant fossile, découvert il y a 50 ans à Swartkrans, en Afrique du Sud, un fossile iconique car il porte des marques de crocs. Contrairement à l’identification initiale, ce petit crâne est celui d’un enfant humain, emporté par un léopard qui l’avait pris pour proie. Cette nouvelle lumière projetée sur ce fossile nous apprend que les jeunes humains étaient, eux aussi, comme les enfants paranthropes, chassés par de redoutables prédateurs.