Des mines de l'âge du fer sous la future ligne TGV
Thierry Ballu
Source - http://www.cholet.maville.com/actu/actudet_-Des-mines-de-l-age-du-fer-sous-la-future-ligne-TGV_fil-2174913_actu.Htm
Jean-Yves Langlois, le spécialiste de paléométallurgie, et Adélaïde et Sonia, les jeunes archéologues, interviennent sur le chantier de fouilles des Rochardières© Joël Le Gall.
Un millier de fosses d'extraction de minerai ont été mises au jour sur le site des Rochardières, près du Mans.
Le ruban de la future Ligne à grande vitesse passe sur le site des Rochardières, sur la commune de La Milesse, à une dizaine de kilomètres au nord du Mans. Encore quelques mois et on y construira « un saut-de-mouton » destiné à raccorder la LGV à la ligne ordinaire. Les engins, en pleine effervescence, n'opèrent pas encore pour l'ouvrage. Dans l'instant, ils facilitent l'exploration des archéologues.
« Nous fouillons, c'est votre histoire », dit une banderole de l'Institut national de recherches archéologiques préventives. L'immense terrain de trois hectares, dénudé et savamment creusé, laisse apparaître une résille de cercles et de rubans. « Un millier de fosses d'extraction de minerai de fer ont été mises au jour », précise Jean-Yves Langlois, spécialiste de paléométallurgie, responsable de plusieurs chantiers de fouilles contrôlées par l'Etat et financées par Eiffage Rail Express.
Ce terreau d'histoire est décapé avec méthode, par étages. Des recherches sont menées sur sept autres sites, dans des communes à proximité. Des diagnostics y ont révélé la présence de mines de fer, d'ateliers complexes ou de fours isolés. Ils témoignent d'une activité depuis 500 avant Jésus-Christ, à l'âge du fer, jusqu'au Moyen-Âge et même au delà (1).
Selon la nature du sol, la cueillette s'est faite à ciel ouvert ou en creusant des puits et des galeries jusqu'à quatre mètres de profondeur. « À l'époque gallo-romaine, on étaye, mais au XVIIe on cherche la rentabilité en extrayant le plus vite possible », précise Jean-Yves Langlois.
Armées d'une petite truelle, Adélaïde et Sonia, deux jeunes archéologues grattent avec précaution la base d'un puits. Ici, pas de statue rare ou de pièces d'or à dénicher, mais des savoirs faire et des gestes à décrypter. « Ils rampaient dans cette cavité, d'un mètre en largeur et en hauteur », racontent les jeunes femmes.
Bas fourneaux reconstitués
Une poterie, découverte dans le comblement d'un puits a permis de situer l'abandon de la mine au IXe siècle. Jean-Yves Langlois ne se veut pas plus précis sur les dates. « C'est très frustrant, mais il faut attendre la datation au carbone 14 de certains éléments », précise sa collègue Nolwenn Zaour.
En retrait de l'immense excavation, deux chercheurs réalisent des briques de terre crue. Elles vont servir à la reconstitution de deux bas fourneaux, l'un pour fondre du minerai et l'autre de la ferraille de récupération. L'expérience va être tentée ce week-end. Le site des Rochardières ouvre ses portes à l'occasion des journées de l'archéologie. Une occasion unique. Le chantier de la LGV va commencer dans quelques mois et le livre ouvert se refermera. « La dernière fois qu'on a fait des trous aussi importants c'était il y a 15 ans sur le chantier de l'autoroute A 28. »
(1) La région du Mans est très riche en minerai de fer. La fabrication de métal s'est poursuivie jusqu'au XIXe et de façon très artisanale entre les deux guerres.