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Liancourt (France): Le parc d’agrément des XVIIe et XVIIIe siècles de l’ancien château

INRAP

Source - http://www.inrap.fr/archeologie-preventive/Actualites/Communiques-de-presse/Les-derniers-communiques/Communiques-regionaux/p-14881-Le-parc-d-agrement-des-XVIIe-et-XVIIIe-siecles-de-l-ancien-chateau-de-Liancourt.htm

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Vue aérienne de la fouille : en bas à droite, les anciens communs du château (actuelle médiathèque), en haut, l’avenue d’Île-de-France, à l’emplacement qu’occupait le château avant sa destruction. © Balloïde photo / Inrap

Préalablement à l’aménagement d’un jardin public doté de fontaines par la commune de Liancourt, une équipe d’archéologues de l’Inrap mène une fouille préventive sur prescription de l’État (Drac Picardie). L’intervention qui aura duré un mois a permis d’étudier l’ancien parc du château de Liancourt. Rarement pratiquée et inédite en Picardie, ce type d’intervention archéologique met en lumière l’un des plus beaux parcs à fontaines de l’Ancien Régime. Les recherches s’attachent notamment à comprendre l’évolution de l’aménagement des jardins du XVIIe au XVIIIe siècle, l’organisation des plantations, mais aussi le système d’approvisionnement des bassins en eau sous pression, rendu possible par les nombreuses canalisations en terre cuite présentes sous le sol. 

Un parc d’agrément pour un château de plaisance

Le parc du château de Liancourt était célèbre sous l’Ancien Régime pour sa beauté et ses nombreux jardins à fontaines et jeux d’eaux qui, contrairement à ceux de Versailles, étaient continuellement alimentés en eau. La réhabilitation du château vers le milieu du XVIIe siècle avait en effet tiré habilement parti, peut-être avec la contribution de l’architecte Salomon de Brosse, de la situation favorable du site en contrebas d’un grand vallon permettant de collecter les eaux de pluie, pour créer un vaste réseau hydrographique comportant de grands réservoirs, des canalisations forcées et une pompe de relevage. 
Délaissé à partir de la Révolution française, puis progressivement démoli, le château a aujourd’hui totalement disparu. La mise en culture des terres seigneuriales par les révolutionnaires a par ailleurs totalement gommé l’ancien parc. Il nous reste cependant de nombreuses gravures anciennes représentant l’édifice, le parc et les fontaines. De nos jours ne subsistent plus que les magnifiques communs du XVIIIe siècle qui bordaient autrefois la cour d’honneur (actuelle médiathèque), et une vaste prairie herbue jamais lotie, correspondant au jardin qui bordait l’aile orientale du château, objet de l’actuelle intervention archéologique. 

Le jardin du XVIIe siècle

Le jardin du XVIIe siècle, axé sur la façade du château et sur la ferme seigneuriale aujourd’hui disparue et qui bordait alors la cour d’honneur, est désigné dans les sources d’archives comme « jardin à fleurs ». Il était organisé autour d’un bassin au plan en trèfle inscrit sur un carré et disposait d’un jet d’eau central, qu’entouraient des parterres de broderies. Par chance, le bassin vient d’être retrouvé, quasiment intact. Construit en mortier hydraulique de couleur rose, le bassin est protégé par une fine couche d’enduit et ponctuellement renforcé par un appareil de pierre. 

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Vue aérienne de la fouille : à droite, le bassin du XVIIsiècle avec son plan en trèfle inscrit dans un carré, et à gauche, le bassin octogonal du XVIIIesiècle. Les allées gravillonnées dessinent des lignes plus claires autour des bassins. © Balloïde photo / Inrap

Évolution du jardin au XVIIIe siècle

Au XVIIIe siècle, l’installation des nouveaux communs tels que nous les connaissons actuellement conduit à repenser totalement le jardin. Dans son nouveau tracé, très géométrique, un nouveau bassin de forme octogonale est aménagé en son centre. Celui-ci a été dégagé par les archéologues, découvert en excellent état de conservation. Le décapage fin de l’ensemble de la parcelle permet également de retrouver précisément en place le niveau du sol du XVIIIe siècle exceptionnellement conservé sous la terre arable. Cette découverte permet à la fois de localiser l’emplacement des parterres triangulaires, des allées rayonnant en étoile autour du bassin, mais aussi de connaître les matériaux de construction et leur mise en œuvre (allées gravillonnées, plates-bandes de briques…). Une analyse palynologique des sédiments prélevés dans les bassins permettra peut-être de retrouver des pollens et de reconstituer la flore environnante de l’époque. 

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Au premier plan à gauche, le bassin du XVIIe siècle et à droite, le bassin du XVIIIesiècle. © Balloïde photo/ Inrap

Un savant système de canalisations

Le sous-sol conserve de nombreuses canalisations en terre cuite qui alimentaient continuellement les bassins. L’étude de leurs tracés et de leurs déclivités permettra de comprendre le mode d’approvisionnement depuis les réservoirs. Ces constatations archéologiques viendront sans nul doute enrichir les informations figurant sur les plans d’archives disponibles.