La nouvelle exposition permanente, qui s'étend sur plus de 360 mètres carrés, est destinée à devenir le principal pôle d'attraction du musée national d'Éthiopie. Les nombreux fossiles exposés, incluant originaux et reproductions, permettent de retracer les grandes étapes de l'évolution humaine et de la préhistoire. Aux côtés de Lucy, découverte en 1974 à Hadar, on retrouve l'ensemble du registre fossile éthiopien, le plus riche du continent africain. Cela inclut d'autres célébrités, comme Ardi, le plus ancien squelette d'hominidé connu à ce jour. Datant de 4,4 millions d'années, il a été découvert en Éthiopie et les résultats de son étude, publiés en 2009, ont apporté des informations fondamentales sur le dernier ancêtre commun aux humains et aux chimpanzés et sur les tendances évolutives des différentes lignées. L'exposition héberge aussi Selam, un autre fossile exceptionnel trouvé en 2000 dans la même région que Lucy. Le squelette quasi complet de ce bébé australopithèque âgé de 3,4 millions d'années a notamment permis de mieux comprendre le mode de croissance de l'espèce Australopithecus afarensis. La galerie accueille également les plus anciens représentants de notre espèce, des Homo sapiens vieux de 160 000 ans, et les plus anciens outils au monde.
La réalisation de la galerie a été pilotée par le Centre français des études éthiopiennes (CNRS/ministère des Affaires étrangères et du développement international), dans le cadre du partenariat que le CFEE entretient depuis une vingtaine d'années avec le ministère de la Culture et du Tourisme d'Ethiopie. La conception scientifique a été réalisée avec le concours de chercheurs de l'IPHEP mais aussi du laboratoire Archéozoologie, archéobotanique : sociétés, pratiques et environnements (CNRS/Museum national d'histoire naturelle), du laboratoire Travaux et recherches archéologiques sur les cultures, les espaces et les sociétés (CNRS/Université Toulouse - Jean Jaurès/Ministère de la Culture et de la Communication), de l'université de Tokyo, du Middle Awash Research Project et de diverses autres équipes internationales travaillant en Éthiopie.
Le CFEE est un acteur majeur de la recherche scientifique en Éthiopie et une plateforme essentielle pour les chercheurs français, toutes disciplines confondues. Le directeur scientifique de cette exposition, Jean-Renaud Boisserie, chercheur CNRS au CFEE puis à l'IPHEP, dirige un programme de recherches en Éthiopie depuis 2006. La mission paléoanthropologique dans l'Omo (Omo Group Research Expedition) étudie une série de dépôts uniques au monde et s'intéresse à l'évolution de l'environnement, de la faune, des hominidés et de leur culture dans la région. Cette équipe pluridisciplinaire est l'une des rares à découvrir des fossiles d'hominidés chaque année et ses travaux visent à mieux comprendre comment s'articulent l'évolution du climat et celle des humains.
La nouvelle galerie présente d'ailleurs l'impact des changements environnementaux drastiques des derniers millions d'années sur l'évolution du vivant. L'objectif est de sensibiliser le public éthiopien et international à ce phénomène d'une urgente actualité.