Une forge de l’âge du Bronze à Metz, fouille archéologique de la ZAC du Sansonnet
INRAP
Source - http://www.inrap.fr/archeologie-preventive/Actualites/Communiques-de-presse/Les-derniers-communiques/Communiques-regionaux/p-15123-Une-forge-de-l-age-du-Bronze-a-Metz-fouille-archeologique-de-la-ZAC-du-Sansonnet.htm
Depuis juin 2012, les archéologues de l’Inrap fouillent sur prescription de l’État (Drac Lorraine), le site de la ZAC du Sansonnet préalablement à son aménagement par la Ville de Metz. Cette opération archéologique se déroule sur 2 hectares qui seront fouillés en cinq zones. Elle concerne principalement la période de l’âge du Bronze. Deux secteurs sont en cours d’étude et permettent notamment d’appréhender des habitats de l’âge du Bronze final (entre 1350 et 800 avant notre ère) et de découvrir leurs activités artisanales. Les chercheurs viennent notamment de mettre au jour une découverte exceptionnelle, une forge. Sans être spectaculaire, cette forge est un témoin rare de la phase de production des objets en métal à cette période dont les traces, souvent ténues et fragiles, sont d’autant plus précieuses pour notre histoire collective.
Une forge de l’âge du Bronze final
Sur le site, les archéologues étudient trois fosses d’extraction de matériaux qui ont ensuite piégé des rejets domestiques. Elles contiennent de nombreux fragments de céramiques, correspondant à plusieurs centaines de vases qui sont typiques du début de l’âge du Bronze final (1350-1250 avant notre ère).
Mais les chercheurs mettent principalement au jour un des très rares exemples d’ateliers de bronziers. Son installation dans une fosse explique sa conservation. Une importante tâche rouge au sol, de forme ovale et d’environ un mètre de long, correspond à l’emplacement du foyer. Un creuset quasi complet, de 30 centimètres de diamètre environ et dans lequel le métal cuivreux était fondu pour l’obtention de bronze (alliage de cuivre et d’étain), a été retrouvé. Il a été utilisé sur une longue durée comment en atteste son fond, qui a été renforcé à plusieurs reprises d’une nouvelle couche d’argile. Des morceaux correspondants à plusieurs autres creusets ont également été dégagés. Les archéologues retrouvent aussi de nombreux résidus charbonneux provenant du foyer.
Des gouttelettes d’alliage cuivreux, un fragment de bracelet et une épingle en bronze sont également des témoins de la chaîne de production. L’analyse des charbons de bois permettra d’identifier les bois utilisés pour atteindre la température nécessaire, environ 1040 degrés, pour couler le bronze. De l’air envoyé avec un soufflet, sous le creuset qui est déposé sur le lit de braises, permet d’intensifier la combustion. Une fois fondu, le métal est coulé dans un moule qui peut être en une ou deux parties, pour confectionner un objet : faucille, hache, bijoux, épingles,... La fonte à la cire perdue est également pratiquée à cette période. Une fois démoulé, l’objet est affiné avec des phases de martelages et de retraitements thermiques.
Si la découverte d’un atelier principal de bronzier est très rare, les archéologues retrouvent régulièrement des moules sur des sites occupés à l’âge du Bronze, notamment des moules pour petits objets (épingles, bijoux, etc.). Il est donc probable que les bronziers avaient une activité itinérante et répondaient à des commandes spécifiques sur place. Par exemple lors d’une fouille menée par l’Inrap à Vandières, en Moselle, les archéologues ont retrouvé un moule de fabrication de pointes de flèches. Si les mécanismes de circulation des objets métalliques restent difficiles à cerner, le troc et la refonte d’objets étaient probablement des pratiques courantes.
Une statuette féminine de l’âge du Bronze final
Les archéologues ont également retrouvé sur le site une statuette féminine complète en terre cuite. Elle mesure 10 centimètres de long sur 3,5 centimètres de large environ. Les bras et les jambes sont représentés par quatre bourrelets, les seins avec deux boules protubérantes. Une troisième boule au centre du ventre pourrait correspondre au nombril. Le sexe semble esquissé par de légères incisions dans la pâte. Quant à la tête, elle est sans visage et très stylisée.
Les attributs féminins comme les seins et les hanches sont marqués, s’agirait-il d’une représentation symbolique de la fertilité ? Cette découverte est particulièrement intéressante, la statuette étant complète et datant d’une période où la représentation humaine est rare.
Aménagement: Ville de Metz
Contrôle scientifique: Service régional de l’archéologie (DRAC Lorraine)
Recherche archéologique: Inrap
Responsable scientifique: Thierry Klag, Inrap