Mont-Beuvray (France): une fosse puits du I er siècle av. JC.

On ne va pas en faire un plat !

Eric Dujardin 

Source -http://www.lejsl.com/edition-du-creusot/2012/07/21/on-ne-va-pas-en-faire-un-plat

dans-cette-fosse-mitoyenne-du-puits-recouvert-en-arriere-plan-des-restes-de-ceramiques-antiques-on.jpg Dans cette fosse mitoyenne du puits (recouvert en arrière-plan) des restes de céramiques antiques ont été découverts. Photo E. D.

Depuis deux ans, une équipe de chercheurs suisses et français tente de découvrir les secrets d’une fosse puits du I er siècle av. JC.

Une découverte en entraîne une autre. L’Université de Lausanne, l’un des nombreux partenaires du site archéologique de Bibracte, intervient dans les recherches et les fouilles depuis 25 ans au Mont-Beuvray. Après avoir exploré l’endroit du Mont nommé Theurot de la Wivre, en 2008 ses chercheurs installent leur campement sur le Theurot (sommet) de la Roche.

Les découvertes se sont enchaînées, permettant d’appuyer l’hypothèse du rôle religieux de ce monticule rocheux.

Les fouilles de 2010 des chercheurs suisses avaient mis à jour une grande fosse de 3trois mètres de diamètre dans laquelle est construit un puits en pierres sèches.

Le chantier de cet été 2012, qui vient de s’achever hier, a révélé de nouveaux indices. Le puits a été démonté sur 12 mètres de profondeur.

L’intérieur du puits a donné lieu à d’importants prélèvements (plusieurs dizaines de seaux), qui viennent d’être analysés ces deux dernières années par les chercheurs du centre archéologique européen de Glux-en-Glenne.

Une préparation culinaire à base de millet

Emmanuelle Bonnaire est carpologue. Rien à voir avec le poisson ; « Cela vient du grec Karpos : fruit » précise-t-elle. Chercheur en archéologie préventive pour la Communauté d’agglomération du Douaisis, elle est donc spécialisée dans l’étude des fruits et des graines.

Elle intervient à Bibracte depuis plusieurs années, là aussi dans le cadre de partenariat. C’est elle qui a analysé les prélèvements du Theurot de la Roche. Que nous apprennent-ils ?

« Le tamisage grossier des sédiments a mis en évidence des morceaux de céramique, des objets, des morceaux de bois. Le tamisage fin nous a permis de récupérer des graines et différents restes de graminées carbonisés », détaille Emmanuelle.

Les céramologues, en étudiant le style apparent sur les débris de céramique ont pu dater assez facilement l’origine de ces dépôts dans le puits, en lien avec les découvertes des fouilles menées à quelques mètres : sûrement antérieur au I er siècle avant notre ère.

En lien avec les céramologues, Emmanuelle Bonnaire conclut à l’utilisation de certaines céramiques pour des préparations culinaires à base de céréales, de millet notamment.

Cherchant des indices, les confrontant et reconstituant les faits, « comme une enquête policière », précise la jeune femme, plusieurs hypothèses ont été dressées sur l’usage de ce puits. « Un site culturel dans lequel les habitants versaient des offrandes, ou bien des dépôts domestiques, comme une poubelle, ou encore une fosse de débris d’incendie ». Le recoupement des analyses et indices permet aux chercheurs de se prononcer pour la première hypothèse. Le puits du Theurot de la Roche aurait été un lieu d’offrandes religieuses.

 

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