INRAP
Source :- https://www.inrap.fr/nouvelles-decouvertes-remarquables-au-camp-de-sarlier-aubagne-bouches-du-rhone-16973
À Aubagne, deux fouilles menées en 2022 sur une superficie totale de 4366 m² ont permis d’enrichir les premières investigations menées en 2021. Les découvertes les plus remarquables portent sur les occupations néolithiques et la nécropole protohistorique.
Les études spécialisées étant en cours, les déterminations chronologiques ne sont pas effectives pour la plupart des vestiges. Les datations mentionnées dans cet article sont soumises à caution et n’ont pas un caractère définitif.
L’OCCUPATION DU NÉOLITHIQUE MOYEN
Les premières observations sur le mobilier céramique attestent que quelques aménagements se rapportent à une première phase du Néolithique moyen (4600-4300 av. J.-C.). Il s’agit majoritairement de fosses et d’un puits. Ce dernier est caractérisé par un creusement d’environ 1 mètre de diamètre pour 2 mètres de profondeur. Beaucoup de matériel (faune et céramique en particulier) a pu être recueilli dans le comblement inférieur de cette structure.
Des plans d’habitation du Néolithique moyen
En plus d’un plan de bâtiment découvert en 2021, deux autres édifices, orientés sensiblement nord-sud ont été étudiés lors des récentes investigations. Quelques indices relatifs à la culture matérielle nous permettent de les attribuer au Néolithique moyen (4600-3500 av. J.-C.), mais ce phasage devra être précisé.
Les vestiges qui nous permettent d’appréhender ces constructions sont des trous de poteau. En effet, les élévations ayant disparu, seul l’ancrage des poteaux qui ont servi à soutenir les murs et la charpente des édifices est perceptible. Leurs caractéristiques permettent d’envisager qu’il s’agit d’habitations. La proximité d’autres structures d’ordre domestique ou de conservation (foyers, silos) étaie l’hypothèse d’un habitat. Les deux plans étudiés en 2022 sont singuliers et ne semblent pas avoir d’équivalent dans un contexte régional.
Le plus petit couvre environ 60 m². Au sol, sa morphologie, symétrique, rappelle celle d’un sablier. Les supports des murs gouttereaux sont matérialisés par des poteaux étroits et rapprochés. Les supports principaux de la charpente semblent se trouver à l’endroit où le plan se rétrécit. Deux autres ancrages importants pourraient être matérialisés par des creusements plus imposants localisés en partie centrale et au sud. De nombreux trous de poteaux à l’intérieur du bâtiment témoignent d’un cloisonnement interne certainement destiné à délimiter des petites pièces.
Fouille d'un bâtiment néolithique. © Denis Dubesset, Inrap
L’autre édifice est globalement de plan rectangulaire couvrant environ 100m². Les supports des murs gouttereaux sont également aménagés à l’aide de poteaux d’un faible diamètre. En partie centrale, quatre trous de poteaux plus imposants délimitent un plan quadrangulaire. Ces points d’ancrage matérialisent certainement les principaux supports de la charpente. Pour les parties distales, cette fonction semble assurée par des aménagements linéaires dans lesquels ont pu s’insérer des supports de type trépieds, secondés par d’autres poteaux.
Fouille d'un bâtiment néolithique. © N. Bourgarel, Inrap
L’OCCUPATION DU NÉOLITHIQUE FINAL
Pour le Néolithique final (3500-2200 av. J.-C), les aménagements destinés à structurer l’espace sont majoritaires. Ainsi, un alignement de grandes fosses oblongues orientées est-ouest se rapporte à cette phase chronologique. Une portion de fossé orienté nord-sud de 1,5 m de largeur moyenne a aussi été explorée sur une longueur de 30 m environ. Le comblement de ces ouvrages renfermait de nombreux fragments de céramique, de meules, mais aussi ponctuellement des matériaux de construction (terre crue brûlée) retrouvés en position secondaire. Ce mobilier laisse présager de la présence d’un habitat relatif à cette période localisé à proximité.
Enfin, une grande fosse polylobbée de plan irrégulier a pu être explorée. Elle mesure entre 3 m et 7 m de largeur et a été observée sur 14 m de longueur. Cette excavation a une morphologie complexe. Elle est en effet composée de nombreux surcreusements qui semblent se succéder les uns aux autres. L’interprétation de cette structure est délicate. Une fonction de stockage est exclue, car aucun indice ne permet d’aller dans ce sens. Elle pourrait témoigner d’une extraction de matériaux (il s’agirait ici de sables fins) ou de la recherche de la nappe phréatique dans le but d’aménager un point d’eau pour l’abreuvage du bétail par exemple.
LA SUITE DE LA NÉCROPOLE PROTOHISTORIQUE
Les opérations de 2021 avaient permis d’étudier une nécropole protohistorique dont la période de fonctionnement est attribuée à la fin de l’âge du Bronze et au début de l’âge du Fer (900-600 av. J-C.). Jusqu’à présent, 10 inhumations (dont 8 sous tumulus) et 3 dépôts de crémation secondaire avaient été fouillés.
Au cours des campagnes de 2022, trois inhumations supplémentaires ont été étudiées. L’une d’entre elles est localisée sous un tumulus d’environ 10 m de diamètre entouré d’un fossé. À l’origine, le monument était probablement ceint d’un anneau de pierres. Les deux autres inhumations n’étaient pas signalées par un tumulus, mais le mobilier qu’elles ont fourni était remarquable. Pour la première, le défunt portait au poignet un jonc torsadé en alliage cuivreux et une perle en matériau lithique retrouvée au niveau de l’épaule gauche de l’individu. De plus, deux vases en céramique étaient également déposés dans la fosse sépulcrale. La dernière inhumation est celle qui a fourni le plus de mobilier métallique (alliage cuivreux). Le défunt portait en effet un torque à jonc tubulaire et extrémité enroulée, trois bracelets à chaque cheville ainsi que trois bagues d’orteils. En outre, une épingle et une grande urne en céramique ont été retrouvées à proximité de l’individu.
Six bracelets découverts au niveau des chevilles du défunt - © Denis Dubesset, Inrap
Des aménagements structurent et délimitent clairement les différents espaces funéraires. Pour le tumulus et une inhumation, il s’agit d’un alignement de trous de poteau. Un ouvrage linéaire marquait donc l’aire consacrée aux morts dans cette zone. Pour la troisième inhumation spatialement lointaine des deux autres, des blocs alignés sur 2 m environ avaient peut-être la même fonction.