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On a retrouvé et authentifié la tête du roi HENRI IV

 

On a retrouvé et authentifié la tête du roi Henri IV

400 ans après Ravaillac, des scientifiques ont identifié la dépouille du roi chez un retraité. La tête, perdue depuis la Révolution, est en bon état quoique «légèrement brunie».

Des scientifiques ont authentifié la tête du roi Henri IV, retrouvée après plusieurs siècles de pérégrinations rocambolesques chez un retraité en 2008, une découverte stupéfiante qui pourrait permettre de mettre au jour d'autres reliques royales oubliées.

La tête de Henri IV est "en très bon état de conservation" et comporte des cheveux et des restes de barbe, souligne une étude du British Medical Journal (BMJ), publiée marcredi, qui détaille cette étonnante découverte.

Elle est "légèrement brunie, avec les yeux à demi clos et la bouche ouverte" et porte plusieurs signes distinctifs: "une petite tache sombre de 11 mm de long juste au-dessus de la narine droite, un trou attestant du port d'une boucle d'oreille dans le lobe droit, comme c'était la mode à la cour des Valois, et une lésion osseuse au-dessus de la lèvre supérieure gauche, trace d'une estafilade faite au roi par Jean Châtel lors d'une tentative de meurtre le 27 décembre 1594".

L'étude a été réalisée par 19 scientifiques rassemblés autour du Dr Philippe Charlier, médecin légiste de Garches baptisé "l'Indiana Jones des cimetières", connu pour avoir révélé l'empoisonnement au mercure d'Agnès Sorel, favorite de Charles VII, et démontré que les restes conservés au château de Chinon n'étaient pas ceux de Jeanne d'Arc.

Le Dr Charlier a travaillé en collaboration avec l'un des historiens d'Henri IV les plus connus, Jean-Pierre Babelon.

L'étude a été filmée par deux journalistes documentaristes et sera diffusée en février à la télévision, selon leur société de production, Galaxie Presse.

Assassiné par Ravaillac, un fanatique catholique, le 14 mai 1610, Henri IV a été enterré à la Basilique Saint-Denis le 1er juillet avec tous les autres rois de France.

Mais en 1793, son cercueil a été ouvert par les révolutionnaires, a expliqué à l'AFP Rodolphe Huguet, président du Cendre (Cercle d'études des nécropoles dysnastiques et royales européennes), passionné par l'histoire de ce roi.

"Le corps a été jeté dans une fosse commune avec les autres. C'est à ce moment-là, vraisemblablement, que la tête en a été séparée. Aucun document ne dit qui l'a prise. Après la Révolution, des morceaux de dépouilles royales sont réapparus chez des particuliers, un os, un doigt, des cheveux, une omoplate de Hugues Capet", poursuit-il.

La dépouille d'Henri IV, souligne cet historien, était "en très bon état de conservation, car elle avait été embaumée. A l'époque, les gens n'en revenaient pas quand le cercueil a été ouvert car la croyance voulait que seuls les cadavres de saints fussent exempts de putréfaction".

On retrouve la trace de la célèbre tête dans la collection privée d'un comte allemand au 19e siècle, puis on perd à nouveau sa trace. Elle réapparaît en 1919 lors d'une vente aux enchères à l'Hôtel Drouot, où un antiquaire de Dinard l'achète pour trois francs.

"Il a remué ciel et terre pour prouver qu'il s'agissait bien de la tête du roi, la proposant au Louvre, au musée Carnavalet, mais personne ne l'a cru", ajoute M. Huguet.

A la mort de l'antiquaire, la relique a sans doute été un temps entre les mains de sa soeur, puis sa trace a de nouveau été perdue.

Elle a été retrouvée "il y a deux ans chez un retraité de 84 ans qui la gardait en secret depuis 1955", selon la société de production.

Les scientifiques qui ont authentifié la relique estiment que leur méthode pourrait permettre d'identifier d'autres restes royaux enterrés dans la fosse commune et les restituer à leurs caveaux d'origine.

Les circonstances précises dans lesquelles la tête du roi Henri IV a été retrouvée ainsi que les résultats complets des analyses scientifiques qui ont permis de l'authentifier doivent être présentés jeudi à Paris lors d'une conférence de presse.

(Source AFP)

Le point sur cette enquête quasi criminelle qui pourrait se terminer avec le retour de la fameuse tête à Saint-Denis.

 FABRICE DROUZY

Source : http://www.liberation.fr/sciences/01012308488-la-tete-d-henri-iv-bientot-dans-le-9-3

Le destin des têtes couronnées est souvent extraordinaire. C’est le cas d’Henri IV dont le crâne momifié vient d’être authentifié par une équipe d’une vingtaine de chercheurs à l’issue d’une extraordinaire enquête journalistique réalisée par Pierre Belet et Stéphane Gabet (dont le documentaire sera diffusé sur France 5 en février). Leurs travaux sont parrainés par Jean-Pierre Babelon, historien, biographe du plus populaire des rois de France, et par le prince Louis de Bourbon, duc d’Anjou et héritier de la famille royale.

«Nous n’avons fait qu’appliquer des examens médico légaux que nous pratiquons lorsque l’on recherche l’identité d’un cadavre contemporain pour la justice.», explique le docteur Philippe Charlier qui a supervisé l’étude. Toutes les techniques modernes –génétique, radiologie, étude des pollens ou des tissus…– ont donc été convoquées et malgré les doutes initiaux, les indices se sont accumulés.

Oui, la tête possède bien une cicatrice correspondant à un coup d’épée reçu par le roi dans sa jeunesse; un grain de beauté peu habituel est bien retrouvé sur le nez; les correspondances anatomiques sont parfaites; les superpositions faciales (entre les images du scanner et les statues de l’époque ou le masque mortuaire) sont convaincantes; la datation au carbone 14 est bonne et des résidus de plâtre trouvés sur la tête peuvent être ceux laissés par le moulage réalisé sur le gisant; la dentition est, enfin, aussi exécrable que le notaient les contemporains… En tout, plus de trente points de concordance.

Résidus de cerveau

Restait un point crucial qui, depuis le début, gênait les historiens. Henri IV, comme tous les rois de France a été embaumé et pour ce faire, on a dû scier son crâne. Or, la tête est indemne, ni percée ni découpée. Il reste même des résidus de cerveau desséché à l’intérieur. Tout le bel édifice va-t-il s’effondrer? C’est alors que la solution apparaît cachée dans un ouvrage de Lamartine: «Henri IV a été embaumé avec l’art des Italiens». Sa veuve Marie de Médicis a voulu suivre les coutumes de son pays. Or, les Italiens ne sciaient pas les crânes, comme le confirmeront les recherches dans les archives italiennes réalisées par le docteur Charlier.

Seul point noir dans cette succès story scientifique, l’absence d’ADN exploitable – probablement due à la longue exposition au plomb du cercueil – qui empêche l’authentification absolue.

Et maintenant? «Il est temps que ce roi nomade prenne enfin un repos définitif», note Jacques Perrot, conservateur général du patrimoine. Propos confirmé par le duc d’Anjou qui a annoncé qu’il souhaitait qu’Henri IV retrouve sa sépulture à Saint-Denis.

 

 

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