Source - https://www.courrierinternational.com/une/archeologie-pourquoi-lafrique-nest-pas-le-seul-berceau-de-lhumanite
Dans son édition du 21 août, l’hebdomadaire New Scientist fait la part belle aux découvertes archéologiques en Arabie Saoudite, pays désertique longtemps considéré comme un lieu mineur dans l’histoire de l’humanité.
Selon la théorie la plus communément admise pour décrire l’origine des populations humaines actuelles, l’homme moderne serait sorti d’Afrique environ 60 000 ans avant notre ère. Dans ce modèle, l’actuelle Arabie Saoudite n’aurait été qu’un simple lieu de passage foulé par Homo sapiens gagnant l’Europe, l’Asie et le reste du monde.
Il faut dire que, malgré des études paléoclimatiques suggérant un climat propice à une installation de l’homme moderne et la découverte d’anciens lacs (paléolacs), les archéologues en quête de fossiles humains sont longtemps rentrés bredouilles. En 2015, une équipe a toutefois exhumé dans le Rub Al-Khali, l’un des plus grands déserts, des outils datés entre 80 000 et 100 000 ans avant notre ère
Un faisceau d’indices
Ce n’est qu’en 2018 que les scientifiques ont découvert les premiers restes d’hominines en Arabie Saoudite, dans le désert du Nefoud. Il s’agissait d’une phalange de doigt datée d’il y a 85 000 ans. Et l’os était de premier choix : il appartient à Homo sapiens.
Un nombre croissant d’indices a par la suite suggéré une installation ancienne d’hominines dans la péninsule arabique. Parmi elles, des traces de pas datées de 121 000 ans et attribuées à Homo sapiens, dans le paléolac d’Alathar, situé dans le désert du Nefoud, des outils en pierre de 300 000 ans à An-Nasim, ou encore des os d’animaux gravés à Ti’s Al-Ghadah, âgés entre 300 000 et 500 000 ans – une activité attribuée à l’homme de Neandertal.
Mammal fossil recovered from the Ti’s al Ghadah site, Saudi Arabia © Palaeodeserts Project (Ian R. Cartwright)
Une zone centrale de l’évolution humaine
“L’Arabie fait techniquement partie de l’Eurasie en raison d’une division des plaques tectoniques sous-jacentes, écrit le magazine scientifique. Mais pour les hominines africains, il s’agissait d’une seule et même masse continentale contiguë – et les paléoanthropologues commencent à le voir ainsi.”
C’est notamment le cas d’Eleanor Scerri, de l’Institut Max-Planck de science de l’histoire humaine, en Allemagne, qui affirme :'Certaines parties de l’Asie du Sud-Ouest, qui sont les régions voisines de l’Afrique, ont probablement fait partie, à certains moments, de la zone centrale de l’évolution humaine.”