Roubion (France): Un trésor gaulois vieux de 2.300 ans découvert

Source - http://www.nicematin.com/roubion/un-tresor-gaulois-vieux-de-2300-ans-decouvert-a-roubion.2016635.html

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Les 41 pièces de bronze avaient glissé dans les interstices du mur d'enceinte du sanctuaire.(DR)

Quarante et une pièces de bronze datant de la Deuxième Guerre punique ont été découvertes dans le Mercantour au milieu des vestiges d’un sanctuaire gaulois

Les archéologues qui, l'été dernier, ont fouillé durant un mois le site de la Tournerie, à Roubion, n'imaginaient sans doute pas qu'ils allaient mettre au jour un véritable trésor !

Scientifiquement et historiquement les découvertes réalisées par ces chercheurs, à plus de 1.800 mètres d'altitude au cœur du Mercantour, étaient déjà inestimables. Leur travail a, en effet, permis d'exhumer un monumental sanctuaire gaulois datant de l'âge du fer.

Le crâne tranché d'un coup d'épée retrouvé à l'entrée du site qui, à l'époque, devait dissuader les intrus, n'a guère impressionné les archéologues. Ils ont fouillé avec minutie l'ensemble des lieux. Et entre les pierres qui soutenaient le lourd mur d'enceinte de 6 mètres d'épaisseur encerclant le sanctuaire, ils ont également trouvé le magot des Gaulois qui vivaient là !

41 pièces de bronze

Dans le plus grand secret c'est donc un trésor, monétaire cette fois, qui a été exhumé le 25 juillet dernier. Trois jours seulement avant que le chantier ne s'achève.

Le site archéologique de la Tournerie, à Roubion, repose désormais sous des milliers de mètres cubes de terre et les premières neiges de décembre. Mais cette chape de protection pour le moins dissuasive n'a pas suffi à contenir la rumeur qui, peu à peu, s'est emparée de la vallée de la Tinée.

Il y avait donc bien un trésor à la Tournerie : « Nous avons trouvé 41 pièces de bronze de 10 à 13 grammes chacune, confirme Franck Suméra, conservateur en chef de la région Paca. L'une d'entre elles, portant pour effigie la tête d'Athena, permet de dater l'ensemble après l'époque de la Seconde Guerre punique. C'est-à-dire entre 215 et 200 ans avant notre ère. Il n'y avait pour l'heure que trois trésors monétaires d'une telle ampleur découverts dans notre région, depuis le XIXe siècle, du côté de Montpellier et de Marseille. »

Influence massaliote

Dans les Alpes-Maritimes, il s'agit donc d'une première qui, bien sûr enthousiasme les chercheurs : « C'est incroyable de découvrir en fouillant les montagnes du Mercantour un trésor qui nous renvoie directement à Carthage à Hannibal ! »

Mais aussi à Marseille, puisque le trésor découvert à Roubion serait d'origine Massaliote (Marseille antique). Voilà qui pourrait redessiner les contours la carte des influences géopolitiques.

Alors qu'on imaginait la région plutôt tournée à l'époque vers l'Italie ou les Alpes, il semblerait que les Gaulois du Mercantour entretenaient des relations commerciales avec leurs voisins phocéens.

De quoi faire sourire le président du conseil général qui a largement financé ce programme de fouilles : « Puisqu'il y avait déjà des relations avec Marseille à cette époque cela ne peut que nous inciter à les entretenir », souligne Eric Ciotti.

De manière, espérons-le, plus pacifié qu'au temps de nos ancêtres les Gaulois. Car, sur le site de la Tournerie, les archéologues ont également découvert des corps démembrés.

« Peut-être des trophées de guerre », explique Franck Suméra. Mais le site n'a pas encore livré tous ses mystères. Il faudra procéder à d'autres fouilles pour avoir une lecture précise de ces vestiges de notre Histoire.

« Nous continuerons à les financer, annonce d'ores et déjà Eric Ciotti pour qui ce « site majeur » est aussi « une source potentielle de développement pour notre territoire ».

Les fouilles devraient donc reprendre à la Tournerie dès l'été prochain. Non pas dans la perspective, peu probable, de découvrir un second trésor monétaire mais pour enrichir plus encore la connaissance de notre passé.

Le site de la Tournerie perché à 1.816 m

Le site de la Tournerie avait été repéré dès 1996. En 2013, des vues aériennes ont permis confirmer que ces alpages avaient été façonnés par l’homme.Les clichés laissent clairement apparaître des cercles concentriques.

Il s’agit, en fait, des murs d’enceinte d’un vaste sanctuaire gaulois érigé à l’âge du fer.Cette découverte, on la doit aux fouilles entreprises l’été dernier sur le site en juillet dernier.

« Château fort »

Lorsque le premier coup de pioche a été donné le mystère était encore entier.Rien ne pouvait laisser présager que l’on était là, à 1816 m d’altitude, sur un site d’occupation monumental.

Monumental, c’est bien le mot ! Il y a 2.500 ans, avec des outils rudimentaires, des hommes ont taillé la roche de ce promontoire naturel pour édifier un véritable petit « château fort » en pierres sèches dont le mur d’enceinte mesurait six mètres d’épaisseur.

À l’intérieur, une plateforme servait peut-être de lieu de culte ou aux festivités du clan.Des ossements d’animaux domestiques et sauvages ont, en effet, été retrouvés ainsi que des bijoux en bronze.

Mais, les archéologues ont également découvert des corps démembrés et des têtes de lance, rappelant le caractère belliqueux de ces populations.On y vénérait peut-être le culte de ces chefs de clans qui allaient donner naissance à une véritable aristocratie.

Avec ses privilèges.Parfois sonnant et trébuchant.