Olivier Ceyrac
Source -http://www.lamontagne.fr/limousin/actualite/departement/correze/ussel/2012/07/24/des-fouilles-archeologiques-permettent-de-mettre-au-jour-un-village-gallo-romain-1228723.html
Si cette urne funéraire est anachronique vis-à-vis de l’ensemble immobilier, celle-ci doit être sortie à l’aide de grands moyens mais en faisant attention de ne pas la briser.
Après la déforestation d’une parcelle agricole en 2009, les hauts d’un mur d’une villa ont réapparu. Plusieurs campagnes de fouilles programmées ont permis d’en savoir plus sur la taille et la fonction de ce site antique.
Plus de 2.000 ans avant la présence du village de Saint-Rémy, un autre lieu de vie était présent. C'est ce que montrent les premières conclusions des fouilles archéologiques menées par Fabien Loubignac et ses équipes. « Nous tentons de comprendre comment est organisé l'habitat gallo-romain en moyenne montagne limousine », expose l'archéologue. Loin des clichés d'Indiana Jones, c'est muni de leurs truelles et autres brosses que les archéologues répondent à leurs questions.
Sous la forêt, les pierres
« Nous avons commencé nos fouilles à Saint-Rémy il y a trois ans. Mais nous nous heurtons à un grand problème, ici en Limousin, le manque d'investissement de la part de la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC). Il faut savoir que nous sommes le dernier département Français en terme d'investissement, loin derrière les territoires d'Outre-Mer ! », peste celui qui est charge des fouilles. Un constat amer lorsque l'on sait que le Limousin est probablement truffé de sites et de trésors à l'image de ceux trouvés à Tintignac. Prévue de longue date, cette campagne de fouille prévoyait la présence d'une vingtaine d'archéologues. Finalement, les crédits escomptés n'ont laissé la place qu'à la moitié des effectifs prévus.
« Après la déforestation de la parcelle, nous avons pu constater la présence de murs. Aujourd'hui, la végétation repoussant au-dessus d'un mur est différente de celle qui sera sur une hypothétique rue, explique Fabien Loubignac. Si l'on analyse cette végétation de haut, on constate que le site s'étend bien sur des dizaines de mètres carrés ».
Non loin de là, une source d'eau potable alimente le village actuel. « La population locale connaît cette source, sait qu'elle existe depuis longtemps, mais n'imaginait pas qu'elle puisse remonter au temps des Gaulois ! », reconnaît Fabien Loubignac.
Un véritable sauna gallo-romain
L'un des carrés découvert et analysé permet de voir la présence d'une villa à l'organisation est particulière. Des pièces d'eau se succèdent. « Nous voyons un puidarium, servant à stocker l'eau, un caldérium chargé de la chauffer puis un frigidarium. C'est un sauna : nous n'avons rien inventé », s'exclame Fabien Loubignac.
Selon le spécialiste, cette villa « semblerait être celle d'un riche romain. Les tessons de céramiques que nous avons pu trouver sont d'une qualité différente de la céramique traditionnelle. De plus, la finesse de certains décors laisse penser que son propriétaire était aisé. Cependant, nous pouvons aussi nous demander s'il n'y avait pas un céramiste. Nous avons trouvé des traces d'argile. Peut-être y avait-il une carrière non loin de là. Après tout, il y a une voie romaine, reliant La Courtine à Ussel, qui n'est pas loin. Ce sont des pistes de recherche que nous ouvrons. Mais quand pourrons-nous y répondre ? » Nous serions tentés de dire que seule la DRAC le sait !