Des vestiges gaulois et romains découverts à Sarceaux
Isabelle Bois
Source - http://www.ouest-france.fr/actu/actuLocale_-Des-vestiges-gaulois-et-romains-decouverts-a-Sarceaux-_-2051852------61006-aud_actu.Htm
Après les fouilles réalisées dans le secteur de Sevrai cet automne, un nouveau chantier pourrait s'ouvrir prochainement à Sarceaux, sur le site destiné à la plateforme d'Agrial, le long de la route de Fleuré.
Les traces d'une ferme gauloise et d'une ferme romaine de plus de 2000 ans ont été repérées sur le site destiné à Agrial. Explications du conservateur régional de l'archéologie.
Entretien avec François Fichet de Clairfontaine, conservateur régional de l'archéologie.
Au fur et à mesure des aménagements, les découvertes se multiplient autour d'Argentan...
Ces dernières années, on a découvert ici les premiers grands habitats gaulois. Pour l'instant, à chaque fois, il y a quelque chose de nouveau. La plaine d'Argentan est marquée un petit peu par le bassin parisien, beaucoup par le massif armoricain. Nos travaux démontrent qu'on a d'autres modes d'exploitation et d'enrichissement des terres, dès la fin de la préhistoire. C'est un bouleversement des connaissances.
A Sarceaux, sur le terrain d'Agrial, il y a eu déjà un diagnostic. Comment choisit-on ensuite de faire des fouilles?
Le diagnostic est un bulletin de bonne santé de l'Histoire: il nous dit ce qu'il y a dans le sous-sol de la plaine d'Argentan qui participe de l'Histoire. Parmi les vestiges découverts, beaucoup sont d'un type déjà connu par ailleurs. Et puis, il y a ceux qui se distinguent. Pour le site d'Agrial, la particularité, c'est que nous sommes sur une transition entre la période gauloise et la période romaine.
C'est à dire? Qu'avez-vous repéré?
Sur une petite surface, quelques hectares, nous avons à l'Ouest une ferme gauloise, avec un chemin qui y accède, des parcelles cultivées. Et à l'Est, une implantation romaine. Souvent, il est difficile de distinguer ce qui est gaulois de ce qui est romain uniquement par le plan. Ici, cela se distingue sacrément. L'occupation gauloise est un peu « patatoide », la plus ancienne date d'entre le IIIe et le Ier siècle avant JC. Et brusquement, à côté, comme si on avait gardé la mémoire de ces fermes gauloises, est construit ce site romain: un grand enclos de 3900m², carré, où l'on retrouve des fours, des trous de poteaux. Le tout entouré de fossés, pour protéger le bétail (porc, boeuf, mouton) des animaux sauvages. Il date de la période de Jules César, le début de la période gallo-romaine.
Qu'est-ce que vous espérez trouver, un trésor?
Non, pas du tout! (sourire) J'espère qu'on va découvrir des petits secteurs funéraires. Et comprendre comment on structurait la campagne argentanaise entre le IIIe siècle et le 1er siècle. La forme des exploitations. A l'intérieur, on découvre des modes de vie. Ici une petite forge pour restaurer les faucilles et faux, là des silos ou des petits greniers sur poteaux, pour stocker le grain à l'abri de l'humidité et des rongeurs. On a aussi des maisons. Ce qui nous émeut beaucoup, c'est de trouver des poids de tisserand, un petit objet en bronze qui pouvait être une bague, une fibule. Ce sont les derniers témoins qui nous permettent de rentrer dans un quotidien, dans une sensibilité de ces habitants. Face à nous, c'est un quotidien qu'on avait complètement oublié qui est en train de ressurgir.
Quand les fouilles auront-elles lieu?
D'abord, il faut savoir que la fouille est le dernier recours possible. Nous discutons actuellement avec Agrial, car c'est à cet endroit qu'ils doivent construire. Il y a une prescription de fouilles. C'est à l'aménageur de trouver un opérateur d'archéologie agréé par l'Etat. Ensuite je vérifie que cela concorde avec le cahier des charges. Pour le financement, cela dépend des situations et des solutions possibles.
Qu'est-ce qu'il en adviendra une fois les fouilles réalisées?
Ces vestiges archéologiques, c'est fossoyé. Cela signifie qu'au-delà de la fouille, c'est impossible à conserver, compte tenu du climat humide. Même en construisant un bâtiment au-dessus.