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Sauchy-Lestrée / Marquion (France): Des tombes à hypogée de la fin du Ier siècle-début du IIe siècle

Des tombes à hypogée sur le canal Seine-Nord Europe

INRAP

Source - http://www.inrap.fr/archeologie-preventive/Actualites/Communiques-de-presse/Les-derniers-communiques/Communiques-regionaux/p-14837-Des-tombes-a-hypogee-sur-le-canal-Seine-Nord-Europe.htm

Les archéologues de l’Inrap achèvent actuellement la deuxième campagne archéologique des 150 hectares de la future plate-forme de Sauchy-Lestrée / Marquion (Pas-de-Calais), sur le tracé du canal Seine-Nord Europe. Menées sur prescription de l’État (Drac Nord-Pas-de-Calais), une des dernières fouilles vient de livrer sept exceptionnelles sépultures gallo-romaines de la fin du Ier siècle-début du IIe siècle de notre ère. 

Des sépultures monumentales

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Vue d'ensemble de la fouille des tombes à hypogée : la profondeur de la fouille, à près de 6 mètres, nécessite des terrassements spécifiques pour assurer la sécurité des archéologues. © Dominique Bossut, Inrap.

Totalement inattendues, ces tombes ont la caractéristique d’être profondément enfouies dans le sol. Certaines sont en effet creusées à plus de six mètres de profondeur. Pour accéder à leur chambre funéraire, chacune présente un escalier creusé dans les limons. De dimensions assez réduites, ces caveaux sont longs de  1 à 2 mètres et hauts d’environ 1,50 mètre. Certaines tombes présentent les traces en négatif de planches en bois, laissant supposer un coffrage de la chambre funéraire. 
À l’origine, ces tombes étaient surmontées de bâtiments, de type mausolée, dont il reste quelques fondations en calcaire. Implantées le long de la voie romaine qui reliait Cambrai à Arras, ces tombes monumentales marquaient ostensiblement le paysage. 

Le contenu des chambres funéraires

Les sépultures sont des incinérations. Les restes incinérés du défunt étaient à l’origine rassemblés dans un coffret en bois, dont il ne subsiste que la forme laissée par le dépôt d’ossements brulés. 

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Une des tombes en cours de fouille, comprenant les restes incinérés du défunt et les dépôts funéraires en céramique, verre et métal. © Dominique Bossut, Inrap
Malgré quelques traces de pillages pratiqués à une époque inconnue, le mobilier funéraire accompagnant ces incinérations est abondant, de qualité, bien conservé. Il est composé de pièces métalliques parfois liées au culte du foyer familial (grils, trépied, lampe à suif, broches, pics, coupe, miroir …), de nombreuses verreries, des céramiques variées (écuelles, bouteilles, lampes à huile...), des bijoux et des monnaies de bronze.

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Détail d'un dépôt de céramiques et de bouteilles en verre. © Dominique Bossut, Inrap.

 La présence d’offrandes miniatures est caractéristique du peuple nervien, implanté sur ce portion du territoire situé à l’ouest de Cambrai, l’antique Camaracum

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Deux céramiques et le dépôt des restes incinérés du défunt. © Dominique Bossut, Inrap.

Une architecture et des pratiques funéraires propres à la région de Cambrai

Avant la découverte de Fontaine-Notre-Dame par l’Inrap en 2006, ces hypogées étaient très mal documentés dans notre région. Désormais, les archéologues cernent plus précisément les pratiques funéraires des Nerviens dans la région de Cambrai. 
À l’évidence, les sept sépultures de Sauchy-Lestrée/Marquion sont à rattacher à la villa gallo-romaine fouillée en 2011 sur la même plateforme.  

Une méthodologie de fouille adaptée

Fouiller à cette profondeur et dans un substrat lœssique n’est pas sans danger pour les archéologues. Ainsi, un protocole est mis en place afin d’assurer la sécurité des équipes. La technique consiste à réaliser une excavation en paliers, formant une pyramide inversée : après chaque mètre descendu, un mètre de retrait est pratiqué, ce qui évite d’avoir une paroi verticale trop haute. 

Archéologie du canal Seine-Nord-Europe

Entre Compiègne et Aubencheul-au-Bac, cet ouvrage exceptionnel, réalisé sous la maîtrise d’ouvrage de Voies navigables de France, permettra la circulation des péniches à grand gabarit de la Seine à l’Escaut. Long de 106 km, le canal traversera 66 communes de Picardie (départements de l’Oise et de la Somme) et du Nord-Pas-de-Calais (départements du Pas-de-Calais et du Nord). Sur une emprise de 2 500 hectares, le canal sera large de 54 m. Depuis septembre 2009, plus de 320 indices de sites ont été identifiés sur les 1700 hectares diagnostiqués. Depuis mars 2010, les 41 fouilles réalisées sur une surface cumulée de 100 hectares ont révélé 98 sites archéologiques. Une trentaine de fouilles sont encore prévues avant le démarrage des travaux de terrassement. Les prospectives des dossiers à venir prévoient un achèvement des phases de terrain à la fin de l’année 2013. 
Les fouilles archéologiques menées par les équipes de l’Inrap sur le tracé du canal Seine-Nord Europe révèlent des sites allant du Paléolithique au Moyen Âge, avec des densités d’occupation variables selon les territoires et les périodes. Les témoignages de l’époque gallo-romaine sont assez fréquents. Ils concernent les sites d’habitat, comme la villa palatiale de Noyon (60), les villae d’Allaines (80), de Catigny (80) et de Sauchy-Lestrée/Marquion (62) ; les fermes de Cizancourt (80), de Saint-Christ-Briost (80), d’Étricourt-Manancourt (80) et de Rouy-le-Grand (80) ; les lieux de sépulture comme à Marquion (62), Oisy-le-Verger (62), Moislains (80), Ercheu (80) et Cléry-sur-Somme (80) et les lieux de culte de Moyencourt (80) et Mesnil-Saint-Nicaise (80). Des tombes à hypogée ont été déjà été découvertes à Marquion lors de précédentes investigations, mais de moindre importance au regard de celles récemment découvertes, exceptionnelles de part la qualité des dotations funéraires et le mode architectural des tombeaux, qui témoignent de pratiques singulières réservées à des personnages de haut-rang dans la strate nervienne.