INRAP
Source - http://www.inrap.fr/archeologie-preventive/Actualites/Communiques-de-presse/p-16298-Sur-les-traces-des-premiers-Parisiens.htm
À partir du 10 septembre 2013, le musée Carnavalet-Histoire de Paris accueille, dans son espace d’actualité archéologique, l’exposition-dossier « Sur les traces des premiers Parisiens » consacrée aux recherches menées rue Henry-Farman (Paris 15e), en 2008, par une équipe de préhistoriens de l’Inrap.
L’exposition, réalisée par l’Inrap, présente les résultats de la fouille de camps de chasseurs-cueilleurs du Mésolithique (8000-6500 avant notre ère), implantés à 250 m de la rive actuelle de la Seine.
Localisation du site © INRAP
L’exposition présente le site archéologique et son contexte environnemental, les outils et les gestes techniques de ces hommes préhistoriques, ainsi que les méthodes mises en place par les archéologues, depuis le terrain jusqu’au laboratoire. Pour la première fois, la découverte des plus anciens restes humains de Paris y est présentée.
Paris mésolithique
Mandibule d'un homme du Mésolithique © Denis Gliksman/Inrap
Derniers chasseurs-cueilleurs nomades de la Préhistoire avant la révolution néolithique, les hommes du Mésolithique ont établi à plusieurs reprises leurs haltes de chasse sur les berges d’un bras de la Seine. Ils y ont abandonné des silex taillés et des fragments d’os d’animaux, probablement consommés sur place. Ces vestiges, mais aussi un foyer, laissent présumer des bivouacs de quelques jours à plusieurs semaines.
Evolution du paysage © Cécilia Génard, LM communiquer d’après Emmanuel Ghesquière, Inrap
Dans un paysage tempéré où la forêt remplace peu à peu la steppe glaciaire, où le cerf, le chevreuil et le sanglier succèdent au renne, au cheval de Przewalski et au mammouth, l’homme va devoir s’adapter à ces nouvelles ressources animales et végétales. Apparu vers 12 000 avant notre ère, l’arc, plus adapté à ce nouvel environnement que la sagaie précédemment utilisée, est l’arme de prédilection des chasseurs de cette période.
Au Mésolithique, les haltes de chasse sont destinées à la fabrication d’armes et au traitement du gibier (boucherie, travail des peaux, fabrication d’outils en os…).
"Des outils sans mode d'emploi" : outil prismatique en grès quartzite © Edoardo Cecchin, LM communiquer
Sur le site de la rue Henry-Farman, de nombreux déchets de silex révèlent que ces hommes y ont surtout renouvelé leur panoplie de pointes de flèche. Caractéristiques de cette période, ces minuscules pointes aux formes géométriques étaient fixées, à l’aide d’une résine, à la flèche. À partir de l’observation et de l’analyse des silex taillés, de leurs éclats et des fragments d’os, les archéologues proposent des hypothèses pour comprendre l’usage des outils.
Mandibule d'un homme du Mésolithique © Denis Gliksman/Inrap
Le premier Parisien
Parmi les six zones riches en silex et restes de faune trouvées sur le site, l’une contenait également des restes humains. Ce sont les plus anciens vestiges humains découverts à Paris.
Un fragment de fémur et une mandibule, en deux morceaux, appartenaient à un ou deux sujets adultes.
La mandibule comporte encore 4 molaires dans leurs alvéoles. Côté droit, les alvéoles des incisives droites et gauches sont également conservées, et côté gauche, celles des canines et des prémolaires sont présentes. D’un point de vue morphologique, le menton est nettement saillant. Ce fragment ne présente aucune lésion pathologique. Les dents montrent une usure marquée mais n’ont ni carie, ni dépôt de tartre. Ces caractéristiques sont courantes et correspondent à ce que l’on sait de la bonne santé dentaire de ces populations.
Quelles pratiques funéraires ?
La présence de ces ossements humains isolés pose la question des pratiques funéraires mésolithiques sur ce site. En effet, ces vestiges ténus ne permettent pas de déterminer s’il s’agit d’une sépulture qui aurait été perturbée ou de restes humains épars. Néanmoins, l’hypothèse d’une sépulture est peu probable.
L’absence de traces d’exposition à la chaleur et de découpe sur les ossements va à l’encontre d’une éventuelle anthropophagie. Le mauvais état de conservation du collagène des os n’a pas permis de datation absolue au carbone 14 et d’analyses isotopiques afin de connaître l’environnement le régime alimentaire des plus vieux Parisiens.