PART.2
Une faune de climat tempéré
Les espèces animales présentes sont caractéristiques de ce contexte de fin de période interglaciaire : outre le cerf, on trouve l’aurochs et deux espèces d’équidés (dont l’hydrontin).
Hémi-mandibules d'aurochs du Paléolithique moyen, Tourville la Rivière (Seine-Maritime), 2010. Outre l'aurochs, les autres animaux attestés sur le site (cerf, cheval, lion, panthère...) sont caractéristiques d'un contexte de fin de période interglaciaire.© Inrap, Hervé Paitier
Avec ces herbivores grégaires, il y a également du sanglier et du rhinocéros. Ils sont accompagnés de plusieurs carnivores : le loup, le renard, l’ours et la panthère.
Crâne de loup mis au jour à Tourville-la-Rivière (Seine-Maritime), 2010.
Des carcasses animales entières ou partielles, toutes espèces confondues, ont été charriées par la Seine et se sont déposées sur les anciennes berges du fleuve. © Inrap, Hervé Paitier
En plus de cette grande faune abondante, le site livre également des petits mammifères (chats sauvages) ou des rongeurs (castor, lièvre). Cette accumulation résulte, pour une large part, de phénomènes naturels : des carcasses animales, entières ou partielles, charriées par le fleuve, viennent se déposer sur les berges ou sur des bancs de sable de Tourville-la-Rivière.
Fouille d'un tronçon thoracique de cervidé adulte sur un site préhistorique et paléontologique à Tourville-la-Rivière (Seine-Maritime), 2010.
L'opération archéologique se focalise sur des nappes alluviales riches en vestiges et caractéristiques de la fin d’une période interglaciaire, datant d’environ 200 000 ans. © Inrap, Hervé Paitier
Des outils particulièrement élaborés, remarquablement performants
Débitage de type Levallois, Tourville-la-Rivière (Seine-Maritime), 2010.
Fabriqué par les Prénéandertaliens, ce type d'outil servait à découper les différentes matières animales (peau, chair, os...). © Inrap, Hervé Paitier
L’industrie en silex est peu abondante au regard de la surface fouillée (500 objets seulement sur un hectare). Ce sont des lames et des éclats produits selon un processus particulier et complexe, la technique Levallois. Par exception, une petite aire de débitage concentre, sur moins de 3 m², 300 objets. Elle offre de précieuses informations sur les objectifs de production recherchés par les tailleurs pré-Néandertaliens. Les éclats et lames Levallois, remarquablement performants du point de vue fonctionnel, répondent à des besoins immédiats d’outils spécifiques et permettent de prélever des matières animales (viande, tendons, peaux…) sur la faune déposée naturellement sur les berges de la Seine.
Références de l’article
FAIVRE J.-Ph., MAUREILLE B., BAYLE P., CREVECOEUR I., DUVAL M., GRÜN R., BEMILLI C., BONILAURI S., COUTARD S., BESSOU M., LIMONDIN-LOZOUET N., COTTARD A., DESHAYES T., DOUILLARD A., HENAFF X., PAUTRET-HOMERVILLE C., KINSLEY L., TRINKAUS E. – 2014. The Middle Pleistocene human remains from Tourville-la-Rivière (Normandy, France) and their archaeological context. PlosOne