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Les archéologues Grégory Pereira et Marion co-pilotent depuis 2008 un des 400 sites archéologiques qui composent le Mal País Prieto : il s'agit du Projet Uacusecha. Les terrasses fouillées sont situés aux alentours de Zacapú, au Michoacan. Dans un article publié en juin dernier par la Crónica de hoy et que nous avons retrouvé récemment, les deux chercheurs reviennent sur les avancées effectuées dans un contexte particulièrement complexe et aride : aucun point d'eau n'est disponible à Uacusecha. Pourtant cette carence n'a pas empêché les anciens habitants à construire pour y vivre et enterrer leurs défunts.
Première conclusion concrète : la cartographie est établie. Ce ne sont pas moins de 1462 structures, majoritairement des petites habitations, des bâtiments communautaires ou des magasins. Une pyramide (36 m de long, 18 m de large et 9 m de haut) dominait un territoire qui atteint 37 ha où pourraient avoir vécu jusqu'à 5000 personnes à son apogée vers 1400.
Una vista de la punta de la pirámide descubierta
Selon les quelques documents rédigés à l'époque coloniale, ses habitants d'origine chichimèque s'étaient établis quelques siècles auparavant. Après avoir abandonné Zacapu, ils s'installèrent autour du lac de Patzacuaro pour fonder le royaume tarasque, rival craint par les Mexicas.
Lorsque Reyna Paz Avendaño demande à Pereira si la pyramide était le lieu de culte d'une divinité en particulier, ce dernier répond qu'il est difficile d'apporter une réponse claire. La construction qui comprend un escalier de treize marches a été élevé du côté est d'une place qui semble avoir servi comme centre cérémoniel. Pereira se risque à proposer que cette position pourrait correspondre à une divinité solaire. Une statue anthropomorphe en pierre volcanique a été localisée puis retirée pour éviter les convoitises. En temps et en heure, elle sera replacée lorsque le site sera ouvert au public.
Près de la pyramide, les archéologues ont détecté cinquante enterrements. La stratigraphie a permis d'établir que l'un d'entre eux avait été déposé sur une grande urne. Cette position dénote son statut social, puisque le reste des individus fut enterrés autour de lui. Cependant l'offrande qui l'accompagnait est constitué d'os de différents animaux au symbolisme certain: des cerfs et des oiseaux de proie figurent sur cette liste.
Grégory Pereira rapporte les éléments qui nous donnent une idée plus précise de la vie quotidienne dans ce milieu hostile. Des restes carbonisés de haricots et de maïs nous informent sur leur alimentations. Des restes de bois indiquent qu'ils exploitaient des massifs boisés ou l'obtenaient comme marchandise. Les lames et couteaux d'obsidiennes sont travaillés à partir de blocs extraits d'un gisement situé à une trentaine de kilomètres.
Les fouilles effectuées dans certains logements ont révélé une vingtaine d'enterrements d'hommes, de femmes et surtout d'enfants déposés dans des urnes funéraires. Cependant leurs ossements sont souvent incomplets, notamment à cause de pillages répétés. Quinze vaisselles en terre cuite ont pu être récupérées et restaurées à l'ENCRYM. Des clochettes en cuivre montrent la présence de la métallurgie dans cette région. Toutefois, on ne dispose pas encore de preuves définitives que des ateliers manipulait localement ce métal.
Selon Marion Forest, la prochaine campagne de fouilles aura lieu en octobre et novembre prochains, avec l'espoir de nouvelles découvertes pour améliorer encore restreinte d' Uacusecha, "l'aigle" en purépécha.
Pour en savoir plus sur le projet Uacusecha, consultez la bibliographie mise en ligne sur le carnet éponyme.