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Source - https://www.msn.com/fr-fr/actualite/technologie-et-sciences/ces-mains-de-b%C3%A9b%C3%A9-pr%C3%A9historiques-ne-sont-en-fait-pas-humaines/ar-AA1b6Zh8?ocid=msedgdhp&pc=U531&cvid=87f7e2dfd90d46419d0de2d6ac9b08ae&ei=19
Tiny hands — originally assumed to be those of very young children or infants — were stenciled inside the outlines of adult hands on the wall of the Wadi Sura II rock shelter in Egypt's Western Desert some 8,000 years ago. PHOTOGRAPH BY EMMANUELLE HONORÉ
Lorsque les chercheurs ont découvert le site de Wadi Sura II, dans le désert occidental égyptien en 2002, ils ont été stupéfaits par le nombre de peintures sur les parois des grottes. Vieilles d'environ 8.000 ans, ces œuvres représentent des animaux, des humains mais aussi d'étranges créatures sans tête, qui ont mené les gens à surnommer le site la «grotte des bêtes».
Des centaines d'empreintes de mains humaines recouvrent également les parois de la grotte. Parmi elles, treize empreintes miniatures. Jusqu'à la découverte de Wadi Sura II, des pochoirs de pieds et de mains d'enfants avaient déjà été découverts dans d'autres parties du monde, mais jamais dans le Sahara. Mais comme l'explique National Geographic, ces traces n'appartiennent pas à un bébé humain.
L'anthropologue Emmanuelle Honoré, de l'Université libre de Bruxelles, s'est avouée surprise par la taille miniature de ces empreintes quand elle les a vues lors de sa première visite au Wadi Sura II, en 2006. «Elles étaient bien plus petites que les mains d'un bébé humain et les doigts étaient trop longs», raconte-t-elle.
En comparant la taille des peintures avec des mains de nouveaux-nés (entre 37 et 41 semaines d'âge gestationnel), elle s'est aperçue que les empreintes étaient trop petites. Elle a donc comparé avec des bébés prématurés (entre 26 et 36 semaines d'âge gestationnel) mais là encore, les résultats ont révélé qu'il y a très peu de chances pour que les traces de la grotte des bêtes soient réellement humaines.
Paradoxalement, cette découverte s'est produite en même temps qu'une prise de conscience sur la place des enfants dans l'art rupestre. Souvent sous-estimés ou complètement écartés par les premiers chercheurs, ils avaient pourtant un rôle dans ces peintures. En 2022, une étude a révélé que 25% des empreintes trouvées dans des grottes paléolithiques en Espagne étaient celles d'enfants et même de bébés.
Mais alors, si les empreintes du Wadi Sura II ne sont pas humaines, à qui appartiennent-elles? Leur position varie d'un contour à l'autre, ce qui a conduit les chercheurs à conclure qu'elles étaient flexibles et articulées, ce qui exclut l'utilisation d'un pochoir en bois ou en argile.
L'anthropologue a d'abord pensé à des singes, mais la taille étant toujours erronée, elle s'est penché du côté des reptiles. Il s'avère que les proportions les plus proches des «mains de bébé» proviennent des pattes du varan du désert, un lézard qui vit encore sur ces terres et qui est considéré comme une créature protectrice par les tribus nomades de la région. Emmanuelle Honoré a par la suite déclaré que ces empreintes avaient été réalisées par un seul et même lézard, accompagné d'au moins deux adultes.
Elle affirme toutefois qu'il ne faut pas trop spéculer sur les significations des empreintes non humaines. «Nous avons une conception moderne selon laquelle la nature est séparée des êtres humains, déclare-t-elle. Mais grâce à cette multitude d'images, nous pouvons voir à quel point nous sommes juste une petite partie d'un vaste monde naturel.»