J-F. Guybert
Source - http://www.lavoixdunord.fr/region/waziers-un-site-archeologique-prehistorique-rare-ia16b0n2266582
« Un site unique en Europe occidentale. Une grande richesse de matériaux. » Le site archéologique préhistorique découvert à Waziers, sur le site du Haut-Terroir, n’en finit pas d’émerveiller les chercheurs. Et ce n’est probablement qu’un début.
En réalisant la fouille préventive, avant le début de la réalisation de la ZAC du Haut-Terroir qui accueillera bientôt le nouveau Leroy-Merlin, les archéologues de la Communauté d’agglomération du Douaisis ne s’attendaient pas à trouver quelque chose d’aussi extraordinaire. Entre trois et quatre mètres sous la surface actuelle, ils sont tombés sur un amoncellement de tourbe, riche en animaux et végétaux, le tout en très bon état de conservation.
Doublement extraordinaire car l’épaisseur est considérable – plus d’un mètre, alors que, sur les autres sites comparables, on est dans l’ordre de quelques centimètre – et que l’on est également en présence de traces d’une présence de Néandertaliens. Ce qui remet en cause toute la théorie du peuplement de l’Europe.
L’affaire est d’une telle importance que la suite a carrément été confiée à l’INRAP (Institut national de la recherche préventive), à la DRAC et au CNRS. « On est dans des niveaux situés entre - 130 et -115 000 ans », explique Jean-Luc Locht, de l’INRAP. Des sédiments fluviaux de la Scarpe se sont accumulés là lors de crues. « Et sans doute derrière un barrage de castors. » La présence de pieux taillés avait interpellé les chercheurs. La découverte de restes de ces animaux corrobore la théorie.
« Tout ça est incroyablement bien conservé. On est ici dans une période interglaciaire, le Eenien, proche du climat que nous connaissons aujourd’hui. Ce qui explique la présence de feuillus. On a ainsi retrouvé des glands et des noisettes ! » Mais aussi des silex taillés. Ce qui prouve que les Néandertaliens ne vivaient pas que dans les steppes, mais ici aussi. Ils n’étaient pas seuls dans la fosse se trouvaient également des restes de rhinocéros de Nerk, « un animal gros comme un éléphant », ou encore de mégacéros (un cerf géant), lui aussi disparu, de même que les aurochs. Des échantillons ont été prélevés et la fosse refermée. Différents laboratoires vont étudier les insectes, les bois, les os, les pollens.... Et d’ici décembre rendre un premier rapport.
Ensuite, il faudra reprendre les recherches sur place, élargir le cercle. « C’est comme si on cherchait une aiguille dans une meule de foin. » Mais rien qu’avec ce qu’ils ont déjà, les archéologues savent qu’ils tiennent un bon filon.